28 décembre 1922
Naissance de Stanley Martin Leiber, futur Stan Lee et papa de Spiderman.
Le personnage le plus populaire de Marvel, Spiderman, co-créé par Stan Lee et Steve Ditko, apparaît pour la première fois dans une histoire racontée dans « Amazing Fantasy n°15 », en août 1962.
Adolescent, Peter Parker est mordu par une araignée radioactive et acquiert la force proportionnelle et l’agilité d’un araignée, la capacité de s’accrocher aux murs et autres surfaces, et un instinct d’araignée qui l’avertit du danger. Comme s’est un génie scientifique, il invente des « lanceurs de toiles », qu’il porte autour de ses poignets avec les boutons de contrôle dans ses paumes, à partir desquels il peut projeter des toiles super-résistantes à des différentes fins: des lignes avec lesquelles il se balance sur la ville, des cordes pour ligoter les criminels.
Alors qu’au départ, il cherche seulement la gloire et la fortune, il se tourne vers la chasse au crime après un incident tragique au cours duquel son oncle Ben, qui l’a élevé avec sa tante May, est tué par un voleur. Peter se rend compte qu’il s’agit du même cambrioleur qu’il avait laissé échapper à la police alors qu’il passait devant lui, parce qu’il ne s’était pas senti concerné.
Contrairement à Superman, motivé par ses idéaux, et Batman, motivé par la vengeance, Spiderman devient un super-héros par culpabilité. Certes, il est un peu trop simpliste de prétendre que Spiderman est juif juste à cause de ses sentiments de culpabilité. C’est un stéréotype éculé.
Comme religion, le judaïsme n’a pas le monopole de la culpabilité. Mais si l’on replace l’histoire de Peter et sa culpabilité dans leur lieu et leur temps particuliers, une dimension juive importante apparaît. Spiderman est un juif américain d’après la Shoah, et la culpabilité qui le tourmente et le motive est une culpabilité juive américaine post-Shoah typique. C’est la culpabilité de ne pas avoir fait assez pour sauver son peuple, d’avoir passivement été confronté au crime et de l’avoir laissé faire. C’est le passé tragique personnel de Peter Parker, et c’est le passé tragique des Juifs dans la seconde moitié du XXe siècle.
Du fait des idéaux d’héroïsme viril de la société américaine, selon lesquels on attend des hommes qu’ils viennent à la rescousse, ce fardeau a lourdement pesé sur les épaules et la conscience des hommes juifs, y compris ceux qui ont créé des super-héros de bandes dessinées. Les tragédies personnelles de Kal-El/Superman et de Bruce Wayne/Batman sont aussi des morts qu’ils n’ont pas pu empêcher, et il est intéressant de noter que ces deux personnages ont été créés avant que l’a Shoah ait pénétré la psyché juive. Peter/Spiderman, en revanche, est toujours hanté par son échec personnel à agir. Il a appris à ses dépens, comme le dit le dernier volet de l’histoire: « Avec la puissance, doit venir la responsabilité ».
Stanley Martin Leiber est né à New York, de parents immigrés juifs roumains, Jack Leiber et Celia Solomon. Jack travaillait dans la confection comme coupeur, mais à partir de la Dépression des années 30, il se retrouva souvent au chômage et la famille dut déménager, d’abord de l’Upper West Side de Manhattan à Washington Heights, puis dans le Bronx, plus éloigné.
Enfant, Stan était un lecteur insatiable. Plus tard, il raconta que l’un de ses cadeaux préférés avait été un porte-livre, qu’il était autorisé à garder sur la table à manger familiale afin qu’il puisse lire pendant le dîner.
Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires en 1939, Stan chercha du travail. Il avait une cousine, Jean, dont le mari, Martin Goodman, était propriétaire de Timely Comics, un des premiers éditeurs de bandes dessinées. A la demande de Goodman, le rédacteur en chef de Timely, Joe Simon, embaucha le jeune Stan.
Il commença par remplir les encriers et charcher du café pour les écrivains et les dessinateurs, et passa rapidement à la relecture des épreuves puis à l’écriture d’un texte pour servir de bouche-trou dans un volume de la bande dessinée « Captain America » en mai 1941.
C’est alors qu’il commença à s’appeler « Stan Lee », avec l’idée de garder son vrai nom pour plus tard, lorsqu’il deviendrait il un auteur de fiction littéraire.
Au bout de quelques mois, Lee créait de nouveaux personnages de super-héros dénommés « Jack Frost et « Father Time », et écrivait leurs histoires. Et lorsque Simon quitta l’entreprise, en compagnie du dessinateur vedette Jack Kirby, Stan Lee fut nommé, à 19 ans, rédacteur en chef intérimaire.
En dehors des trois années qu’il passa sous les drapeaux pendant la deuxième guerre mondiale, Lee occupa ce poste pendant les deux décennies suivantes. Peu de temps après, il commença à sentir qu’il s’enlisait et il pensait sérieusement à quitter l’entreprise à la fin des années 1950, quand Martin Goodman lui demanda de créer une nouvelle lignée de super-héros, pour concurrencer DC Comics, l’éditeur de Superman et Batman.
À ce moment-là, Jack Kirby avait été attiré de nouveau chez Timely, et c’est avec lui que Lee créa les «Fantastic Four», qui firent leur première apparition en août 1961. Ils tiraient leurs super-pouvoirs de l’exposition aux rayons cosmiques. Plus tard, raconte Lee, quand il imagina « Les X-Men », en 1963, dit Lee, j’en avais marre de trouver des explications: « Je me suis dit que je m’y prendrai lâchement et je que dirai juste qu’ils étaient nés comme ça, c’étaient des mutants. »
Des années plus tard, quand Stan Lee fut devenu célèbre et connu comme le « créateur » de tant de personnages de Marvel, Kirby affirma que l’essentiel du travail de création avait été fait par lui, et que Lee s’en était attribué la paternité sans justification. Lee répondit en louant l’art de Kirby, mais en affirmant « je pense vraiment que le gars qui a imaginé la chose » – par quoi il voulait dire lui – « l’a créé ».
Un conflit similaire pour la paternité de « The Amazing Spider Man », à partir de 1964, se produisit entre Lee et le dessinateur Steve Ditko.
Les nouveaux super-héros connurent un succès presque instantané. Ils avaient peut-être des pouvoirs surnaturels, mais leurs émotions étaient normales et ils avaient même des problèmes relationnels. Et ils étaient tous interconnectés et vivaient à New York, de sorte qu’un personnage pouvait apparaître dans l’histoire d’un autre. Pour être complètement à jour, les lecteurs devaient acheter toutes les séries. En plus, grâce aux messages de Lee et à une rubrique de lettres des lecteurs, Marvel faisait sentir aux lecteurs qu’ils faisaient partie de la famille, et n’étaient pas seulement des consommateurs.
Au cours des années 1960, Lee écrit, dirige et édite la plupart des séries de Marvel, modère les pages de lettres de lecteurs, écrit une chronique mensuelle appelée « Stan’s Soapbox ». Pour supporter sa charge de travail et respecter les délais, il utilise un système qui était auparavant utilisé par divers studios de bandes dessinées, mais qui, grâce au succès de Lee, devient la « méthode Marvel ».
En règle générale, Lee pensait une histoire avec le dessinateur et préparait ensuite un bref résumé plutôt qu’un script complet. Sur la base du synopsis, le dessinateur devait remplir le nombre de pages attribué en dessinant l’histoire panneau par panneau. Lorsque le dessinateur retournait les pages dessinées, Lee rédigeait les bulles et les légendes, et supervisait ensuite le lettrage et la coloration. De fait, les dessinateurs étaient des co-scénaristes, sur les premiers brouillons desquels Lee construisait.
Lee quitta son poste à plein temps chez Marvel en 1998 et poursuivit même l’entreprise en 2002, à la suite d’un litige au sujet de la participation aux bénéfices futurs. Ce fut un coup de maître, car au début des années 2000, la franchise des films était devenue une machine à cash pour Marvel. En 2001, il créa une nouvelle société éditrice de bandes dessinées, POW! Divertissement, qu’il dirige toujours aujourd’hui, à 95 ans.
Marvel a été acquise par Walt Disney en 2009
