Ephéméride | Agnès Keleti [9 Janvier]

9 janvier 1921

Naissance à Budapest d’Agnès Keleti, l’athlète juive la plus titrée de l’histoire olympique.

Avec dix médailles dans trois Jeux olympiques, elle se classe troisième parmi les femmes pour les médailles olympiques et quatrième en tant que médaillée d’or olympique.

Keleti commença sa formation de gymnaste à l’âge de quatre ans au club juif de Budapest et à l’âge de seize ans, elle avait remporté le premier de ses dix titres nationaux. Après l’invasion allemande de la Hongrie en 1944, l’entraînement de Keleti fut brusquement interrompu. Pour survivre, elle acheta les papiers d’une jeune fille chrétienne et travailla comme fille de ferme et servante pour une famille pro-nazie dans un petit village hongrois. Elle travailla aussi dans une usine de munitions. Au cours de la bataille de Budapest, pendant l’hiver 1944-1945, elle faisait les rondes matinales pour ramasser les corps de ceux qui étaient morts la veille et les placer dans une fosse commune. La mère et la sœur de Keleti se cachèrent et furent sauvées par le diplomate suédois Raoul Wallenberg. Son père, cependant, fut envoyé à Auschwitz et y périt avec le reste de la famille Keleti. Ayant entendu une rumeur selon laquelle les femmes mariées n’étaient pas envoyées dans des camps de travail, elle se maria à la hâte avec Istvan Sarkany, un gymnaste exceptionnel des années 1930 qui avait obtenu des titres nationaux et participé aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936.

À la fin de la guerre, Keleti reprit sa carrière de gymnaste. Entre 1947 et 1955, elle domina la scène nationale et fut également impressionnante dans les compétitions internationales où elle représenta la Hongrie vingt-quatre fois entre 1947 et 1956. Une blessure grave deux jours avant qu’elle ne participe aux Jeux Olympiques de 1948 à Londres l’empêcha d’y participer activement. Néanmoins, en tant que membre de l’équipe de gymnastique hongroise qui termina deuxième dans la compétition par équipe, elle se vit décerner une médaille d’argent, sa onzième.

Lors des Jeux mondiaux universitaires de 1949, Keleti remporta quatre médailles d’or, une d’argent et une de bronze. Un test plus important l’attendait aux Jeux Olympiques d’Helsinki en 1952, où à l’âge de trente et un ans, Keleti remporta quatre médailles: une médaille d’or (épreuve au sol), une médaille d’argent (combiné par équipe) et deux médailles de bronze (barres asymétriques et anneaux), une quatrième place (poutre) et une sixième place(exercices combinés). Si sa performance fut remarquable en 1952, elle fut éclipsée par une démonstration encore plus formidable de talent, de détermination et d’habileté lors du Championnat du monde de 1954. Elle termina première dans l’épreuve de barres asymétriques et anneaux par équipe, deuxième dans le combiné par équipe et troisième en poutre.

Cette performance ne fut pas encore le point culminant de sa carrière, qu’elle atteignit aux Jeux Olympiques de Melbourne en 1956: Keleti, à 35 ans, remporta un incroyable triomphe, remportant quatre médailles d’or (barres parallèles, poutre, exercices au sol et épreuve combinée par équipe) et deux médailles d’argent (compétitions individuelles et concours général par équipe).
Keleti perçut cette performance comme le bouquet final de sa carrière et en effet ce le fut, car pendant que les Jeux olympiques se déroulaient, la révolution anti-communiste faisait rage en Hongrie, avant d’être écrasée par les Russes. Au lieu de reprendre sa vie de légende du sport dans son pays natal, Keleti choisit de faire défection. Avec une quarantaine d’autres athlètes hongroises, elle obtint l’asile en Australie, où sa sœur avait déménagé après la Seconde Guerre mondiale. Après six mois de travail en usine, elle retourna en Europe en 1957. Un émissaire israélien l’invita à participer aux cinquièmes Maccabiades cette année-là et elle s’installa en Israël, bientôt rejointe par sa soeur et sa mère.
Elle devint entraîneure de l’équipe nationale de gymnastique israélienne et enseignante en éducation physique à l’Institut Wingate pour l’éducation physique et le sport, transmettant ses connaissances et son expérience considérables aux jeunes gymnastes admiratives.

Sur la photo, Agnès Keleti a 95 ans.