4 mars 1911
Naissance de Miriam Kressyn. Actrice du théâtre et du cinéma yiddish, compositrice de chansons, traductrice, animatrice de radio, historienne du théâtre yiddish, elle a laissé une marque indélébile sur la culture yiddish du XXè siècle.
Miriam Kressin nait le 4 mars 1911 à Bialystok, en Pologne, de Yankev et Mashe Kressyn, qui avaient déjà deux fils et quatre filles. Les filles avaient été emmenées aux États-Unis par leur père plusieurs années avant la naissance de Miriam. Il retourna ensuite en Pologne pour rester avec sa femme et ses fils.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, la mère de Miriam l’emmène à Orle, près de Bialystock, tandis que son père et ses frères sont enrôlés pour creuser des tranchées pour l’armée. Deux de ses sœurs aînées reviennent aussi en Europe.
À Orle, Kressyn étudie avec un professeur envoyé par l’organisation scolaire yiddish laïque « Tsysho ». À l’âge de sept ou huit ans, elle est prise en flagrant délit de distribution de tracts pour le Bund socialiste dans une autre ville. Son expérience à l’école laïque s’avère formatrice et éclairante, l’éloignant des traditions pieuses de son père.
En 1923, elle émigre en Amérique avec ses parents. Ils s’installent à Boston, où vivent deux de ses soeurs. L’amour de Kressyn pour la musique et sa belle voix lui valent une bourse d’études au Conservatoire de musique de Nouvelle-Angleterre, où elle étudie pendant plusieurs années, prévoyant d’étudier ensuite le droit.
Des troupes de théâtre yiddish passent fréquemment en tournée par Boston. À une occasion, une troupe dirigée par Julius Nathanson arrive en ville et il vient rendre visite à sa soeur. Quand Nathanson entendu Kressyn chanter, il s’exclame, « Mais qui est cette fille? »
Après avoir été ainsi « découverte », Miriam commence à jouer des rôles d’enfants dans le théâtre yiddish. Bientôt, les producteurs et les stars de New York apprennent l’existence ce jeune talent de Boston.
En 1929, on l’invite à rejoindre la compagnie du légendaire Aaron Lebedeff à Chicago, où elle joue un rôle principal pour la première fois.
Alors qu’elle se produit à l’Arch Street Theatre de Philadelphie en 1930, Kressyn est informée par la Hebrew Actors Union, le syndicat des acteurs juifs, qu’elle doit auditionner pour devenir membre. Pour son audition, elle prépare deux scènes, une musicale et une dramatique. Son interprétation lui vaut l’approbation écrasante du syndicat à une époque où très peu de nouveaux membres sont acceptés.
En 1931, elle est invitée à Buenos Aires comme principal rôle féminin d’une compagnie américaine en tournée. La tournée initialement prévue pour treize semaines est prolongée à neuf mois.
D’Argentine, elle part pour Europe, où elle se produit à Anvers, Paris, Bucarest, Kovno, Vilna et Varsovie. Elle reviendra à Varsovie trois fois. Son succès dans cette ville amène beaucoup de littérateurs yiddish à venir assister à ses spectacles, bien qu’elle figure dans des productions dites « shund » [bas de gamme].
En 1937, elle retourne à Varsovie pour la dernière fois pour jouer dans le film « Der Purimshpiler » de Joseph Green.
Miriam Kressyn rejoint ensuite le Yiddish Art Theatre, dirigé par Maurice Schwartz, se produisant au National Theatre de New York à l’angle de la Second Avenue et Houston Street pendant plusieurs saisons.
Elle joue avec beaucoup des gloires du théâtre yiddish à son apogée.
Pendant cinq ans, elle et son mari jouent dans des comédies musicales avec Menasha Skulnick. Elle joue également dans les » Frères Askenazi » et » Yoshe Kalb » de I.J. Singer et dans » la famille Moskat » d’Isaac Bashevis Singer, et tient le rôle principal dans une adaptation de » Anna Lucasta » de Philip Yordan.
Elle et son mari sont les idoles romantiques des comédies musicales yiddish.
Rendant compte de la comédie musicale » A Cowboy in Israel » dans le New York Times, Richard F. Shepard écrit que l’actrice, « comme toujours à la hauteur des circonstances, joue parfaitement l’héroïne accablée de « tsoures »- pas de rires, que des soucis – qui héritera d’une fortune seulement si elle se marie. »
Pour finir Miriam Kressyn se mit à adapter des pièces, notamment «The Flowering Peach» de Clifford Odets, «Riverside Drive» de Leon Kobrin et «Land of Dreams» de Nahum Stutchkoff.
Elle a enregistré de nombreux albums, certains avec son mari pendant plus de cinquante ans, Seymour Rechzeit.
Pendant plus de quarante ans, le couple diffusé son fameux programme »
Memories of the Yiddish Theatre » sur la radio WEVD.
A plusieurs reprises au cours de sa carrière, on lui proposa de jouer en anglais à Broadway (dans «The Diary of Anne Frank») et dans des films en anglais, mais elle resta fidèle au théâtre yiddish toute sa vie.
Au reproche répété que le théâtre yiddish était défunt, elle disait avec un enthousiasme caractéristique: « Nous ne sommes pas morts, nous sommes très vivants. »
Faisant le bilan de sa carrière, elle proclamait fièrement: « Le yiddish est mon univers. »
Miriam Kressyn est décédée à New York le 27 octobre 1996.
