Ephéméride | Abraham « Abe » Ellstein [22 Mars]

22 Mars 1963

Décès à New-York d’Abraham « Abe » Ellstein. Avec Shalom Secunda, Joseph Rumshinsky et Alexander Olshanetsky, Ellstein fut l’un des « quatre grands » compositeurs de la scène yiddish new-yorkaise. Sa comédie musicale « Yidl Mitn Fidl » devint l’un des plus grands succès du cinéma en langue yiddish.

Parmi les grands noms associés à l’apogée du théâtre yiddish américain en tant que compositeurs, compositeurs, orchestrateurs et chefs d’orchestre, Abraham Ellstein était le seul né en Amérique. Généralement considéré comme l’un des « quatre grands de la Deuxième avenue », et bien qu’on souvienne surtout de certaines de ses chansons « à succès » au théâtre, il s’aventura plus loin que les autres dans le domaine classique, et considérait sa carrière au théâtre comme une partie seulement de sa création artistique.

Ellstein naquit le 7 juillet 1907 dans le Lower East Side de New York, où se trouvait la plus forte concentration d’immigrants juifs originaires d’Europe de l’Est. Jeune choriste dans les synagogues locales, il s’initia très tôt aux subtilités de la hazzanout, le chant synagogal.
Il reçut sa première formation musicale à la Third Street Settlement House et chanta dans la chorale d’enfants du Metropolitan Opera.
On dit qu’il composa un court opéra à l’âge de huit ans.
À seulement treize ans, il dirigea une choeur de garçons dans la production de Richard III de John Barrymore à Broadway.

Plus tard, il bénéficia d’une bourse d’études pour la prestigieuse école de musique, Juilliard School et fit ses débuts de compositeur pour le théâtre avec la musique de scène pour la pièce « Gerangl » (Lutte) de B. Epelboym, interprétée par une troupe de Vilna.
Ce fut la première de ses trente-trois partitions pour le théâtre yiddish.
Au cours de la saison 1929-1930, il fut engagé comme compositeur et directeur musical au Ludwig Satz’s Folk Theater.
Après avoir tourné en Europe comme pianiste pour les chanteurs-acteurs Dave Lubritsky et Dina Goldberg, Ellstein s’engagea au Public Theater comme compositeur en résidence et directeur rmusicalpour la saison 1930-31.

En tournée avec Molly Picon en Europe et en Amérique du Sud, en tant qu’arrangeur, accompagnateur et chef d’orchestre, Ellstein écrivit de nouvelles musiques spécialement pour ses interprétations de « Shmendrik » de Goldfaden, et pour l ‘opérette, « Oy iz dos a meydl! » (O, quelle fille!).
Plus tard, Ellstein composa également deux musiques de film – « Mamele » et « Yidl mitn fidl » – pour Molly Picon, qui devinrent des « succès juifs du box-office ».
Parmi ses nombreuses autres compositions de scène à succès, il faut citer « A bisl mazl » avec Menushe Skulnick chantant sa célèbre interprétation de « The Scotchman from Orchard Street ».

Ellstein fut aussi actif pendant de nombreuses années à la radio yiddish, avec des programmes réguliers sur la chaine WEVD, où il produisait et présentait aussi bien de la musique folklorique yiddish, que des pièces de théâtre et de la hazzanout.
Plusieurs de ses chansons yiddish du genre théâtral les plus connues furent écrites spécialement pour ces émissions radiophoniques.
Il dirigea une émission hebdomadaire consacrée à la musique liturgique, « The Song of the Synagog », où plusieurs des chantres les plus appréciés se produisirent avec son ensemble choral.
Ellstein a également écrit et arrangé pour Broadway, la radio grand public et la télévision, ainsi que pour des concerts « pop » et même des courts-métrages britanniques et américains.

Il était très demandé comme pianiste et chef d’orchestre pour des concerts et des enregistrements de chants liturgiques, et fut le pianiste de Yosele Rosenblatt pour ses tournées européennes et américaines.
Ses orchestrations sont considérées comme les plus classiques d’un point de vue stylistique dans ce genre.
Il dirigea des chorales de synagogue pendant de nombreuses années, en particulier pour les offices des « Jours de pénitence », pour lesquels il composa une bonne quantité de musique synagogale traditionnelle, dont la majeure partie reste inédite. Il a également composé deux offices de shabbat modernes, commandés par la synagogue métropolitaine de New York.

Lors d’une visite à Prague, Ellstein fut fasciné par la légende du Golem, et y composa une courte pièce qu’il utilisa ensuite comme base pour son opéra « Le Golem ».

Parmi les autres œuvres classiques importantes d’Ellstein, citons deux oratorios: « Ode au Roi des Rois » – retransmis sur CBS et chantés par Jan Peerce – et « Redemption », basé sur l’histoire de Hanoucca et présenté à titre posthume à la Convention de l’Assemblée des Cantors.
En dehors de sa musique de synagogue, ses arrangements de musique liturgique de concert restent populaires et sont fréquemment exécutés.

(Source: Neil W. Levin in Milken Archive of Jewish Music)