Ephéméride | Naissance de Léonard de Vinci [15 Avril]

15 avril 1452

Naissance de Léonard de Vinci. Un de ses tableaux les plus célèbres, « La Cène », est en fait un Séder, mais un Séder déjudaïsé, conformément à la doctrine de l’Eglise.

Je reproduis ici un post que j’avais publié le 3 mars 2016. La plupart de nos membres, arrivés depuis, n’ont donc pas eu l’occasion de le lire.

UN JUIF A OUBLIER: JESUS (4)

« La fête des pains sans levain, qu’on appelle la Pâque, approchait. Les grands prêtres et les scribes cherchaient par quel moyen supprimer Jésus, car ils avaient peur du peuple. Satan entra en Judas, appelé Iscariote, qui était au nombre des Douze. Judas partit s’entretenir avec les grands prêtres et les chefs des gardes, pour voir comment leur livrer Jésus. Ils se réjouirent et ils décidèrent de lui donner de l’argent. Judas fut d’accord, et il cherchait une occasion favorable pour le leur livrer à l’écart de la foule. Arriva le jour des pains sans levain, où il fallait immoler l’agneau pascal.
Jésus envoya Pierre et Jean, en leur disant : « Allez faire les préparatifs pour que nous mangions la Pâque. » »
Le doute n’est donc pas permis. La scène décrite par Luc dans le chapitre 22 de son évangile, le dernier souper de Jesus avant son arrestation et son exécution, est un Seder de Pessakh. Cela n’a rien de surprenant puisque les Evangiles décrivent de bout en bout, en Jesus et ses apôtres, des Juifs pieux qui observent scrupuleusement les mitsvoth.
C’est un épisode fondamental du point de vue de la doctrine chrétienne puisque c’est alors que se produit la trahison de Judas et l’institution de l’Eucharistie, la communion par le pain et le vin.
Conformément au rituel du séder, Jésus, maître de cérémonie, partage la matsah, le pain sans levain, et le vin. Il enrichit le sens, en ajoutant une nouvelle interprétation, un khidush. Pourquoi pas? Nous sommes toujours dans le cadre du judaïsme.
Mais à une époque où la plupart des gens étaient illettrés, ils ne pouvaient guère se référer au texte. C’est donc à travers les images, les sculptures, que l’Eglise transmettait pour l’essentiel, son message.
La représentation la plus célèbre de cette scène du dernier souper, l’ultima cena, est la fresque de Léonard de Vinci, qu’on appelle en français « la Cène ». Elle fut peinte par Leonardo, entre 1494 et 1498, pour décorer le réfectoire du couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie à Milan.
L’utilisation savante de la perspective, la composition qui joue à la fois sur la symétrie et les dissymétries pour donner majesté et animer les personnages, dont on peut presque lire sur les lèvres les réactions à l’annonce de la trahison, en font un chef d’oeuvre admiré et reproduit à des dizaines d’exemplaires au cours des siècles à travers l’Europe. Et aujourd’hui, grâce à Dan Brown et son Da Vinci Code, sa gloire dépasse largement le cercle des amateurs d’art. Notre époque a la culture populaire qu’elle mérite.
Cependant, les kilomètres de commentaires dont cette oeuvre a fait l’objet, en laissent de côté un aspect des plus surprenants: de ce séder, toute trace de séder a disparu! Pas d’agneau, pas de matsah. La matsah a été remplacée par des miches de pain levé! La peinture s’est considérablement dégradée dès la Renaissance, les multiples restaurations ne permettent pas de distinguer tous les détails, mais on peut les reconstituer grâce aux copies. Du khomets au lieu de matsah et même, si l’on en croit un expert, des restes d’anguilles dans l’assiette de Jésus. Gevalt, du poisson treif!
Une fois de plus, l’iconographie sert à déjudaïser Jesus et ses compagnons, au mépris des textes chrétiens canoniques eux-mêmes.
Mais pourquoi chercher la petite bête? dira-t-on. Est-ce si grave?
Oui, car il reste quand même un Juif dans cette affaire: Judas. Parmi tous les apôtres, Judas est celui qui reste identifié comme juif, contrairement aux autres. Il incarne pour des siècles de persécution, la figure du Juif, traitre pour de l’argent. « Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race » écrira Maurice Barrès, ne faisant par là que répéter l’enseignement transmis par l’Eglise.
Dans le tableau du Pérugin, Jésus et onze des apôtres sont assis d’un même côté de la table. Ils ont les cheveux blonds ou blancs. Judas est assis de l’autre côté, tournant le dos au spectateur comme il a tourné le dos à Jésus. Ses cheveux sont noirs et, bien entendu, il n’a pas d’auréole de sainteté.
Dans celui de Leonardo, il ne se distingue pas physiquement mais par son geste. Il touche la bourse où se trouve le salaire de la trahison. C’est que les moines dominicains pour lesquels cette oeuvre a été réalisée, soutiennent la doctrine du libre-arbitre. Judas n’est donc pas un traître par nature mais par choix.