Ephéméride | Isaac Alfred Isaacs [ 6 Août ]

6 août 1855

Naissance à Melbourne d’Isaac Alfred Isaacs, fils d’un tailleur polonais de Mlawa. Il deviendra président de la Haute Cour australienne, neuvième gouverneur général d’Australie et premier Australien à occuper ce poste. L’histoire des Juifs en Australie est une histoire heureuse.

La colonisation britannique de l’Australie commença par la fondation d’un colonie pénitentiaire de 1 030 personnes (dont 736 prisonniers) à Botany Bay.
Huit de ces condamnés au moins étaient juifs. On estime que plus de mille personnes d’origine juive ont été envoyées en Australie au cours des 60 années suivantes. La plupart d’entre elles venaient de Londres, étaient issus de la classe ouvrière et étaient des hommes. Seulement 7% des détenus juifs étaient des femmes, contre 15% pour les détenus non juifs. L’âge moyen des détenus juifs était de 25 ans, mais l’éventail allait de 8 ans à des vieillards.
Parmi les premiers arrivants juifs se trouvaient Esther Abrahams qui devint l’épouse officieuse puis officielle de George Johnston, qui fut brièvement gouverneur de la colonie et Ikey Solomon, un fameux receleur considéré comme le modèle du personnage de Fagin dans Olivier Twist.

Au début, l’Église d’Angleterre était la religion établie dans la colonie et, pendant les premières années de déportation, tous les condamnés devaient assister aux services anglicans le dimanche, également les catholiques irlandais ainsi que les juifs. De même, l’éducation dans la nouvelle colonie était contrôlée par l’Église anglicane jusqu’aux années 1840.

Le premier pas vers l’organisation de la communauté juive fut la formation d’une Khevra Kadisha (une société funéraire juive) à Sydney en 1817. En 1820, le révérend William Cowper attribua un terrain pour l’établissement d’un cimetière juif dans le coin droit du cimetière chrétien d’alors. La section juive fut créée pour permettre l’enterrement d’un certain Joel Joseph. Au cours des dix années suivantes, le nombre de membres de la société n’augmenta pas beaucoup et ses services n’étaient pas sollicités plus d’une fois par an.

Les premiers services religieux juifs dans la colonie se tinrent à partir de 1820 dans des maisons privées par le forçat libéré Joseph Marcus, l’un des rares détenus ayant des connaissances juives.
En 1832, fut célébré le premier mariage juif en Australie. Les parties contractantes étaient Moïse Joseph et Rosetta Nathan. Trois ans plus tard, un certain M. Rose arriva d’Angleterre et joua le rôle de chazzan, de shokhet et de mohel.

Au cours des décennies suivantes, les effectifs de la communauté augmentèrent, principalement grâce à l’immigration juive du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Des communautés organisées commencèrent à être établies à Sydney (1831) et à Melbourne (1841). La situation de la communauté juive s’améliora au point point que, en 1844, la première synagogue d’Australie fut installée dans la rue York à Sydney.

Le recensement de 1841 montre que les Juifs de Nouvelle-Galles du Sud représentaient 65% de la population juive australienne totale et 0,57% de la population australienne totale. Bien que la communauté juive soit principalement ashkénaze, quelques Juifs séfarades émigrèrent également en Australie et la communauté prospéra au milieu du 19ème siècle. Pendant une vingtaine d’années, il y avait une congrégation séfarade et certaines familles séfarades occupaient des postes communautaires importants. Peu à peu, cependant, la population séfarade déclina et la congrégation fut dissoute en 1873.

La ruée vers l’or des années 1850 attira une vague d’immigration juive et le nombre des immigrés dépassa rapidement celui des Juifs nés dans le pays. Dans un premier temps, ils s’installèrent dans les zones rurales, mais à la fin du 19ème siècle, l’absence de liens communautaires juifs et la crainte de l’assimilation conduisit la plupart des Juifs australiens des zones rurales à s’installer dans les centres juifs dans les villes. En conséquence, la communauté en pleine croissance de Sydney eut besoin d’installations plus grandes et construisit la Grande Synagogue, consacrée en 1878.

La presse juive en Australie fut lancée à Melbourne. En 1895, le premier journal juif de Sydney, intitulé Hebrew Standard of Australasia, fut publié et fut le précurseur de l’Australian Jewish News.

À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, alors que l’Australie unifiait ses colonies en un seul pays indépendant, une nouvelle vague d’immigration juive débuta. Les réfugiés juifs de Russie et de Pologne commencèrent à affluer dans les années 1890, fuyant les pogroms de leurs terres natales. Cette vague d’immigration créa un fossé entre les communautés juives urbaines. La plupart des Juifs de Sydney venaient d’Europe occidentale et centrale et étaient en grande partie laïcs. En revanche, les immigrants juifs d’Europe de l’Est s’installèrent à Melbourne et étaient hautement orthodoxes. En outre, des milliers de Juifs très observants immigrèrent d’Afrique du Sud et se s’installèrent à Perth.

Avec l’arrivée d’un grand nombre d’immigrants dans les années 1850, en particulier pendant la ruée vers l’or victorienne, une plus grande synagogue devint nécessaire à Melbourne. La construction d’une plus grande synagogue de 600 places à South Yarra débuta en mars 1855.
Depuis les années 1850, Melbourne a la plus grande population juive du pays. Une cour religieuse (Beth Din) fut créée à Melbourne en 1866.

En 1901, on estime qu’il y avait plus de 15 000 Juifs en Australie. Lorsque l’Australie devint indépendante en 1901, certains de ses fondateurs étaient juifs.
Dès le début, les Juifs furent traités comme des citoyens égaux, libres de participer à la vie économique et culturelle et jouèrent un rôle important dans leur développement. L’antisémitisme, qui était courant dans l’Europe contemporaine, était très rare en Australie.

Après la Première Guerre mondiale, un autre flux d’immigrants juifs arriva et, lorsque les nazis eurent pris le pouvoir en Allemagne en 1933, de nombreux Juifs allemands se réfugièrent en Australie. Au début, le gouvernement australien hésita à autoriser l’entrée des nombreux Juifs qui voulaient venir, mais en 1938, il accorda 15 000 visas aux « victimes de l’oppression ». Quelque 7 000 Juifs purent obtenir ces visas avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Australie abandonna sa politique d’immigration anglo-centrique antérieure et permis l’immigration d’un grand nombre de personnes originaires d’Europe continentale. Un grand nombre de juifs européens, survivants de la Shoah, arrivèrent dans le pays en provenance des camps de personnes déplacées, ce qui déclencha une vague antisémite, réclamant d’endiguer le flot d’immigrants juifs.

Un grand nombre de nouveaux immigrants étaient des Juifs pratiquants et la fréquentation des écoles de jour augmentait régulièrement. Une nouvelle communauté séfarade apparut également dans l’après-guerre. Auparavant, les Juifs Mizrahi n’étaient généralement pas autorisés à entrer en raison de la politique « d’Australie Blanche ». Cependant, à la suite de la crise de Suez en 1956, un certain nombre de Juifs égyptiens furent autorisés à entrer. Au cours des années suivantes, la pression des communautés juives conduisit le gouvernement à abandonner sa position antérieure sur l’entrée des Juifs Mizrahi. En 1969, lorsque les Juifs irakiens furent persécutés, le gouvernement accorda le statut de réfugié aux Juifs irakiens qui avaient réussi à atteindre l’Australie.

Dans les années 1970, la communauté juive australienne s’inquiéta du taux croissant de mariages mixtes, qui avait un impact sur le nombre de Juifs gardant des liens avec la communauté. Mais au début des années 80, les mariages mixtes retrouvèrent l’un des taux les plus bas de la diaspora. La communauté fut renforcée par l’immigration en provenance d’Afrique du Sud et, à partir de 1989, de l’ex-Union soviétique.

Au cours du XXe siècle, de nombreux juifs exercèrent des fonctions électives. Parmi les positions occupées par des Juifs, on put comptert le maire de Melbourne, le premier ministre de l’Australie-Méridionale, le président de la Chambre des représentants et le président du Parlement. Cependant, l’intégration réussie des Juifs dans la société australienne entraîna une augmentation de l’assimilation. Les taux d’inter-mariage augmentèrent, la fréquentation des synagogues chuta et de nombreux juifs cessèrent de pratiquer le judaïsme. Cependant, il y en avait encore beaucoup qui choisissaient de rester pratiquants.