28 août 1864
Ferdinand Lassalle est mortellement blessé lors d’un duel. Il fut le fondateur du mouvement social-démocrate en Allemagne.
Lassalle naquit dans une famille juive prospère, son père était marchand de soieries.
Dès l’âge de 15 ans, il écrivit des Mémoires, dans lesquelles il exprimait ses opinions. C’est à cette époque qu’il prit conscience de sa vocation : lutter contre les inégalités et œuvrer pour le bien de la population.
De 1843 à 1846, il étudia dans les universités de Wroclaw et de Berlin. Ses domaines d’études étaient la philologie, l’histoire et la philosophie. Au cours de ses études à Wroclaw, il adopta une position démocratique jacobine fondée sur un hégélianisme orthodoxe.
En 1845, il rencontra le politicien social français Louis Blanc, qui voulait créer, avec des aides d’État, des coopératives d’aide aux travailleurs. Il fut également fortement influencé par le philosophe social Pierre Joseph Proudhon, qui avait condamné les biens non liés au travail (« la propriété, c’est le vol »).
Au cours de la révolution de février 1848, il rencontra Karl Marx et Friedrich Engels, qui participèrent à la révolution en 1848/49. Il publia des articles dans le « Neue Rheinische Zeitung » éditée par Karl Marx.
Sur la base de la théorie de Hegel, Lassalle élabora sa propre théorie de l’état et de la société. Il était fondamentalement en phase avec les idées marxistes de surmonter le capitalisme et faire émerger une structure sociale socialiste.
Mais le chemin pour y parvenir différait de celui de Marx. Lassalle voulait atteindre son objectif à travers l’élection et se fit le champion du suffrage universel. Au lieu de la propriété privée des moyens de production, il souhaitait créer des coopératives de production dans lesquelles les travailleurs, avec le soutien financier de l’État, deviendraient eux-mêmes des entrepreneurs.
Alors que Marx voyait en l’Etat un instrument répressif de la classe dirigeante, Lassalle voyait en lui une forme organisationnelle positive de la société. Contrairement au socialisme révolutionnaire de Marx et Engels, Lassalle représentait un réformisme social-démocrate favorable à l’État.
Le 23 mars 1863, Lassalle fonda l’Association générale des travailleurs allemands (ADAV), dont son programme était la ligne directrice et devint son premier président élu. Lassalle posa ainsi la première pierre du mouvement social-démocrate en Allemagne.
Outre son engagement politique, il publia de nombreuses œuvres littéraires. Parmi ses principaux écrits politico-philosophiques figurent « Le système des droits acquis, la conciliation du droit positif et de la philosophie du droit » (1861) et « Le programme du Travail » (1863).
Il fut un politicien exceptionnellement actif, un orateur passionné et un agitateur et organisateur extrêmement efficace. Il se distingua également dans le domaine de la philosophie historique et juridique, de l’économie politique et des sciences politiques.
Dans sa jeunesse, Lassalle s’intéressait encore au judaïsme, mais plus tard, il adopta une attitude négative à l’égard de la religion juive. En 1860, il écrivit: « Je peux affirmer que je ne suis plus juif », ajoutant: « Je n’aime pas du tout les Juifs, je les déteste même en général. Je ne vois en eux que les fils extrêmement dégénérés d’une grande époque. Ces gens ont acquis des qualités d’esclaves au cours des siècles de leur asservissement, et c’est pourquoi je suis si peu amical envers eux. Je n’ai également aucun contact avec eux. Parmi mes amis et dans la société qui m’entoure, il n’y a presque aucun Juif. »
Lassalle était même prêt à se faire chrétien en vue d’un mariage, mais admit que cela serait céder à un préjugé. Cela lui apparaissait comme de la lâcheté et de l’hypocrisie, puisqu’il n’était pas chrétien.
Mais Lassalle n’eut pas l’occasion de mettre ses convictions à l’épreuve. À Berlin, il fit la connaissance d’une jeune femme, Hélène von Dönniges, et lors de l’été 1864 ils décidèrent de se marier. Le père d’Hélène, diplomate bavarois résidant à Genève, voyait d’un très mauvais œil cette union avec Lassalle. Hélène fut emprisonnée dans sa propre chambre, et finalement, sûrement sous la pression, renonça à son union avec Lassalle au profit d’un autre homme, Iancu Racoviță (Iancou Racovitza), boyard originaire des Principautés de Roumanie.
Lassalle décida de lancer un défi au père d’Hélène ainsi qu’à Racoviță, qui l’accepta. C’est près de Veyrier au pied du Salève, que se tint le duel au matin du 28 août 1864. Lassalle fut mortellement blessé par balle à l’abdomen, et mourut le 31 août à Carouge, petite ville à proximité de Genève.
Lassalle fut enterré dans le vieux cimetière juif de sa ville natale ,Breslau (aujourd’hui Wroclaw en Pologne). Durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis saccagèrent son caveau. En 1946, le Parti socialiste polonais le reconstruisit entièrement. Aujourd’hui encore, il est régulièrement entretenu par l’actuel parti de gauche polonais, et tous les ans, le 30 avril, y est organisé une discrète célébration en sa mémoire.
