1er octobre 1920
Naissance à New-York de Walter John Matthow, plus connu sous le nom de Walter Matthau. Il promena son air de chien battu et sa voie rocailleuse dans plus de 60 films.
Walter John Matthow est né à Lower East Side, à New York. Certaines sources – dont le New York Times, dans sa nécrologie pour lui – suggèrent que le nom de famille original de Matthau était «Matuschanskayasky», mais ce n’était qu’un gag utilisé dans le générique d’un film dans lequel il faisait une apparition.
Quoi qu’il en soit, son père était Milton Matthow, un électricien d’origine russe, plus tard huissier de justice, qui abandonna sa famille lorsque son fils cadet avait trois ans (il y avait aussi un frère aîné, Henry). Sa mère était une immigrante de Lituanie qui travaillait comme couturière dans les « sweatshops ».
Il raconta un jour à un intervieweur que grandir dans la pauvreté pendant la Grande Dépression était un «cauchemar horrible, affreux et puant».
La carrière théâtrale de Matthau débuta modestement lorsque, à 11 ans, il commença à vendre des casse-croute dans les théâtres yiddish de la deuxième avenue à Manhattan. Plus tard, on lui offrit des bouts de rôle dans certaines des productions.
Après avoir obtenu son diplôme de la Seward Park High School, effectué des petits boulots de forestier dans le Montana et travaillé comme entraîneur de boxe et de basket-ball à New York, Matthau s’enrôla dans le corps aérien de l’armée de terre, où il servit comme cryptographe et opérateur-radio pendant la Seconde Guerre mondiale.
De retour à New York après la guerre, Matthau utilisa sa bourse de GI pour étudier le théâtre à l’atelier dramatique de la New School. Sa première apparition à Broadway eut lieu en 1948, dans laquelle il jouait un porte-candélabres (et doubleur de Rex Harrison) dans «Anne of the Thousand Days».
Au cours des deux décennies suivantes, il se produisit dans 16 pièces, dont «Once More with Feeling» (1958, pour lequel il fut nomminé pour un Tony) et «A Shot in the Dark» (1961) et «The Odd Couple». (1965), qui lui valurent tous les deux un Tony.
Trois ans plus tard, Matthau reprit son rôle d’Oscar Madison dans la version à l’écran de «The Odd Couple», écrit, comme la pièce, par Neil Simon. Oscar est un journaliste sportif, négligé, toujours mal peigné, mordillant son cigare et qui, pour couvrir son loyer, est obligé d’accepter chez lui son ami Felix Unger. Felix a été mis dehors par sa femme, exaspérée par son obsession de la propreté, de la ponctualité et de tout le reste.
Dans la version filmée de «The Odd Couple», Matthau jouait face à Jack Lemmon. C’était leur deuxième performance en tandem, après la comédie de 1966 de Billy Wilder «The Fortune Cookie», qui avait valu à Matthau son seul Oscar. Dans ce film, il incarnait William « Whiplash Willie » Gingrich, un avocat, chasseur d’ambulances, qui cherchait à obtenir pour son ami Harry Hinkle, un caméraman de télévision – et lui-même – des millions de dédommagement, après que Hinkle, joué par Lemmon, se soit légèrement blessé en couvrant un match de football.
Au total, Matthau et Lemmon jouèrent ensemble dans 10 films, et même 11, si on compte l’apparition de Lemmon
en passager endormi dans le seul film qu’il a réalisé, «Kotch», en 1971.
Matthau joua des rôles principaux dans des dizaines d’autres films, dont «Hello, Dolly», «Plaza Suite», «The Bad News Bears», «Grumpy Old Men» et «Dennis the Menace», basé sur la bande dessinée éponyme, dans lequel il incarnait le voisin et la némésis de Dennis, M. Wilson. Ses rôles furent très variés, mais à chacun d’eux, il apportait quelque chose qui lui était propre: un mélange apparemment contradictoire d’indifférence marquée par le sarcasme et une irrésistible amabilité.
Matthau incarna souvent explicitement ou implicitement des personnages juifs. En 1994, il fut Albert Einstein dans le film «I.Q ..» et deux ans plus tard, un extrêmiste juif de l’époque dans «Je ne suis pas Rappaport».
Le dernier rôle de Matthau survint en 2000, dans «Hanging Up», écrit par Delia et Nora Ephron et réalisé par Diane Keaton, dans lequel il incarnait un père rouspéteur dont les trois filles attendent qu’il quitte ce monde.
Il réalisa lui-même un film, «Gangster Story», en 1960, dont il déclara un jour dans une interview que c’était «un des pires films jamais réalisés». Toujours prêt à se moquer de lui-même, Matthau caractérisa une autre fois son image au cinéma comme celle d’un «Cary Grant ukrainien».
Il se maria deux fois, la deuxième fois, de 1959 à sa mort, à Carol Grace Marcus, une actrice et écrivaine, que Truman Capote prétendait être l’inspiratrice du personnage de Holly Golightly dans «Breakfast at Tiffany’s».
Matthau assistait fréquemment aux services du Shabbat et de Yom Kippour à la Synagogue des artistes de scène.
Il n’hésitait pas à s’opposer à l’antisémitisme et avait une fois affronté l’actrice britannique Vanessa Redgrave après que celle-ci eut fait l’éloge de l’Organisation de libération de la Palestine et dénigré Israël.
Walter Matthau mourut d’une crise cardiaque le 1er juillet 2000. Il fut enterré lors d’une cérémonie juive traditionnelle, «une simple sépulture dans un cercueil de pin», au Pierce Brothers Westwood Memorial Park, à Los Angeles.
Jack Lemmon, qui avait joué Unger et de nombreux autres rôles face à Matthau, publia une déclaration disant: «Je viens de perdre quelqu’un que j’ai aimé comme un frère, mon ami le plus proche et un être humain remarquable.»
