A Gutn tog tayere tsuherers,
Il faut profiter du temps présent dit-on ? Carpe Diem. C’est bien, mais jusqu’ à présent nous n’avons pas encore abordé le passé et nous nous sentons un peu bloqué.
Il existe un mot particulier en yiddish « di benkshaft » qui signifie le mal d’amour, peut- être plus fort encore, la nostalgie, d’un passé sans retour. Même si nous n’y sommes pas sujets, le passé est quand même utile à étudier.
Pour faire une phrase au passé, nous utiliserons les verbes être et avoir Nous avons appris comment chacun se décline .Revoyons les cependant. Pour le verbe avoir , nous dirons ikh hob : j’ai, du host : tu as , er hot : il a, zi hot : elle a, mir hobn : nous avons, ir hot : vous avez, zey hobn : ils ou elles ont. et pour le verbe être : je suis : ikh bin, tu es : du bist, er iz : il est, zi iz : elle est, mir zenen : nous sommes ir zayt : vous êtes , zey zenen : ils, elles sont.
Pour le passé, nous reprendrons ces déclinaisons et les utiliserons comme auxiliaires. De leur côté, les verbes prendront une forme unique au passé.
Prenons tout de suite un exemple.
Ikh shlof, je dors. Si je veux dire j’ai dormi, je prendrai le verbe avoir et le déclinerai ainsi. Ikh hob, donc j’ai et je rajoute le verbe shlofn au participe passé, ici geshloft. Le tout faisant : ikh hob geshloft. Comment diriez-vous : tu as dormi :
Du host geshloft.
Le participe passé, à apprendre, ne change à aucune personne. Prenons un autre verbe : efenen ouvrir. J’ouvre : ikh efen, J’ai ouvert : ikh hob geefnt . Vous voyez qu’il faut noter le participe passé pour chaque verbe. Souvent, le verbe au participe commence par ge- geshloft, geefnt.
Comment diriez-vous, elle a ouvert ? zi hot geefnt. Il suffit de bien noter le participe passé qui correspond et le passé n’aura plus de secret pour vous. Ecoutons l’histoire qui les mettra en application.
Efenen di tir
- Rokhl : Efen shoynt di tir
- Yankl : Ikh vil, ober ikh gedenk nisht vu ikh hob geleygt di shlisel
- Rokhl : Oy ,vey iz mir, der tsholent iz oyfn fayer un du kenst nisht gefinen di shlisl ?
- Yankl: Vart a minut, a minutkele, ikh bin gegangen koyfn broyt, in a bekeray.
- Rokhl: Nu?
- Yankl: Neyn, nisht dortn. Nokhdem, bin ikh gegangen shpiln kortn, un ikh hob gegesn mit mayne fraynt in a restoran.
- Rokhl : Oy Yankl, shnel es kokht.
- Yankl : A minutkele ! s’ brent nisht!
- Rokhl : Du bist gerekht, s’hot shoyn gebrent !
- Yankl : Oh ikh gedenk itst ! Ikh hob a lokh in mayn tash! Yo,ikh hob zey gefinen. Di shlisl zenen do!
- Rokhl : Oy Yankl ! efn shoyn, der tsholent brent.
Efenen di tir : ouvrir la porte.
Rokhl dit : efn shoyn di tir. Nous avons déjà vu le verbe efenen qui signifie ouvrir. Ici il est à l’impératif: ouvre la porte. Une porte se dit tir et est un mot féminin. Di tir.
- Yankl lui répond : Ikh vil, ober ikh gedenk nisht vu ikh hob geleygt di shlisel
Ikh vil : je veux, ober ikh gedenk nisht : je ne me souviens pas , vu ikh hob geleygt di shlisl. Ou j’ai posé les clefs.
Le verbe gedenken signifie se souvenir, se rappeler. Et si on ne se rappelle pas, on dit : ikh gedenk nisht. Ici il ne souvient pas ou il a posé les clefs. Voici notre premier verbe au passé. Leygn signifie poser. Je pose, ikh leyg.
Au passé , nous avons dit précédemment que nous ajoutions un auxiliaire, ici hob et que nous mettons le verbe leygn au participe passé , ce qui donne geleygt. Comment diriez -vous : tu as posé : du host geleygt et, nous avons posé : mir hobn geleygt. Der shlisl signifie la clef et au pluriel di shlisl ou di shlislen.
- Rokhl lui dit : Oy ,vey iz mir, der tsholent iz oyfn fayer un du kenst nisht efenen di tir.
- Oy vey iz mir ! est une expression très utilisée signifiant : o quel malheur !. Il faut savoir le prononcer avec la bonne intonation et prendre la tête dans les mains pour être encore plus expressif.
- der tsholent iz oyfn fayer : le tsholent est sur le feu. Le tsholent est un plat traditionnel pour shabbat, ou shabes en yiddish qui cuit lentement sur le feu. Il est à base de viande , de pommes de terre, et d’orge perlé.
- oyfn fayer : sur le feu .
- Elle poursuit en disant : un du kenst nisht efenen di tir. Tu ne peux pas ouvrir la porte .Aucun mot nouveau, nous les avons vus lors de précédentes leçons .
Sans se démonter, Yankl dit : Vart a minut, a minutkele, attend une minute, une petite minute .Et il part dans les suppositions .
Ikh bin gegangen koyfn broyt in a bekeray.je suis allé acheter du pain à la boulangerie. Voici un nouveau verbe au passé. Ikh bin gegangen. Le verbe aller à l’infinitif se dit geyn et, notez-le gegangen au passé. On utilise cette fois le participe passé avec l’auxiliaire du verbe être : bin pour dire je suis allé : ikh bin gegangen. Koyfn broyt acheter du pain in a bekeray : dans une boulangerie. Der beker : le boulanger.
Rokhl lance le fameux nu ? demandant des résultats concrets et Yankl lui répond : nisht dortn : pas là-bas.
- Il poursuit: Nokhdem ,bin ikh gegangen shpiln kortn un ikh hob gegesn mit mayne fraynt in a restoran.
- Nokhdem signifie ensuite, je suis allé jouer aux cartes. Encore une fois, je suis allé, ikh bin gegangen, et ikh hob gegesn. Voici un troisième verbe au passé. Le verbe esn signifie manger et gegesn, manger au participe passé. Ikh hob gegesn : j’ai mangé. In a restoran, dans un restaurant.
- Rokhl est à bout et lui lance : shnel, es kokht. Vite, ça bout : le verb kokhn signifie cuisiner, et également bouillir.
- Yankl , qui ne se démonte jamais lui répond : A minutkele, s’ brent nisht.
Une petite minute, ça ne brûle pas. Brûler se dit brenen. Et es brent nisht, peut être pris également dans le sens figuré, ça ne brûle pas, il n’y a pas urgence.
- Rokhl dans tous ses états lui dit: Du bist gerekht, s’hot shoyn gebrent ! Nous avons déjà vu plusieurs fois : du bist gerekht qui signifie : tu as raison. S’hot shoyn gebrent de façon ironique : cela a déjà brulé. Voici encore un verbe que nous mettons au passé : brenen, brûler à l’infinitif et gebrent au participe passé.
- Yankl : Oh ikh gedenk itst ! oh je me souviens à présent. Itst signifie maintenant. On le prononce également yestst suivant l’origine.
- Ikh hob a lokh in mayn tash! J’ai un trou dans ma poche .Der lokh : le trou et di tash : la poche.
- Yo, ikh hob zey gefinen. Di shlisl zenen do! Oui je les ai trouvées . les clefs sont là. Voici notre dernier verbe au passé , qui par un heureux hasard se prononce de la même façon à l’infinitif et au participe passé : gefinen ; trouver. Comment diriez- vous : il a trouvé la rue ?….. er hot gefinen di gas.
- Pour finir, Rokhl s’exclame : Oy Yankl ! efn shoyn, der tsholent brent. Ouvre déjà, le tsholent brûle.
- La fin est heureuse parce que les clefs ont été retrouvées. L’histoire ne nous dit pas dans que état le tsholent a été retrouvé. Peu de nouveaux mots dans cette leçon, nous nous sommes concentrés sur le passé. Allez , un petit exercice pour finir
- Comment diriez -vous ?
J’ai ouvert la porte, elle a trouvé la clef, le tsholent a brulé, tu as posé la clef sur la table ?
Suspense jusqu’à la semaine prochaine.
Voyons à présent le vocabulaire :
- Les noms communs :
- La porte : di tir, la clef :der shlisl, le feu : der fayer , la boulangerie :di bekeray, le boulanger : der beker , un trou : a lokh, la poche : di tash
- Les adjectifs et adverbes:
- Nokhdem: ensuite
Les expressions :
- Vey iz mir : o quel Malheur !
- Les verbes :
- Efenen : ouvrir, gedenken: se souvenir , leygn : poser , gefinen ; trouver ,kokhn ; cuisiner, bouillir. Brenen : brûler.
- Le participe passé des verbes :
| brenen | brûler | gebrent |
| Efenen | ouvrir | geefnt |
| esn | manger | gegesn |
| gefinen | trouver | gefinen |
| geyn | aller | gegangen |
| kokhn | cuire | gekokht |
| leygn | poser, mettre | geleygt |
Je vous souhaite a gite vokh, une bonne semaine, et un bon tsholent pour shabes.
