2 juin. National Fish and Chips Day

Sous la pression incessante des médias, notre époque se noie de plus en plus dans le futile. C’est ainsi qu’ayant toute mon attention tournée vers l’accessoire jubilé de la reine, j’ai perdu de vue l’essentiel: la journée nationale du « Fish Chips », cet apport décisif des cultures juives à la civilisation britannique.
Vous serez peut-être surpris d’apprendre que le « fish and chips », bien que très populaire en Angleterre depuis ce qui semble être une éternité, était en fait une spécialité des Juifs séfarades portugais qui avaient fui l’Inquisition au XVIe siècle et trouvé refuge dans les îles britanniques.
Parmi les forces qui influencent la cuisine, on trouve des plats issus de rituels religieux. Pour les Juifs pratiquants, le poisson est « pareve » – un aliment neutre dans la cachrout, qui interdit le mélange de viande et de produits laitiers. C’était donc une option pratique, pour éviter d’éventuelles infractions, tout en permettant de servir des produits laitiers au même repas.
Le poisson était particulièrement important pour les Marranes, les soi-disant crypto-juifs, qui prétendaient être chrétiens pendant l’Inquisition. Ils mangeaient du poisson le vendredi, quand la viande était interdite par l’Église, et en gardaient aussi de côté pour le manger froid le lendemain au déjeuner afin d’éviter de cuisiner le Shabbat.
La friture était un mode de cuisson naturel pour les cuisinières juives à la maison – pensez aux galettes de pommes de terre et aux beignets frits si caractéristiques des célébrations de Hanukkah – et lorsque la communauté juive commença à prospérer en Angleterre, cela stimula le goût de son poisson frit et pané bien-aimé dans tout le pays.
Selon le livre de Claudia Roden « Le Livre de la Cuisine Juive », Thomas Jefferson en goûta lors d’un voyage à Londres et déclara avoir mangé « du poisson à la mode juive » lors de sa visite.
Alexis Soyer, un cuisinier français qui devint un chef célèbre dans l’Angleterre victorienne, inclut une recette de « Fried Fish, Jewish Fashion » dans la première édition de son livre de cuisine de 1845 « A Shilling Cookery for the People ». La recette de Soyer note que la « manière juive » comprend l’utilisation d’huile plutôt que de graisse de viande (vraisemblablement du saindoux), ce qui donne un meilleur goût au plat, mais le rend également plus cher.

Il y a des désaccords sur l’endroit et le moment où sont apparrues ce que Anglais appellent « Chip », les Américains « French Fries », et les Français « Pommes frites ».

De nombreux historiens disent que les pommes de terre frites et découpées ont été inventées en Belgique et, en fait, se sont substituées au poisson pendant les périodes difficiles. La première fois que le mot « chips » a été utilisé, c’était dans « A Tale of Two Cities » de Charles Dickens en 1859 : “husky chips of potato, fried with some reluctant drops of oil ».
Le mariage officiel du fish and des chips n’a cependant eu lieu que quelques années plus tard. Bien que certains le contestent, la plupart des autorités disent que c’est grâce à un cuisinier juif, cette fois un jeune immigrant ashkénaze du nom de Joseph Malin, qui avait ouvert le premier chippy britannique, alias fish and chips shop, à Londres en 1863. La boutique connut un tel succès qu’elle est restée en activité jusque dans les années 1970.
Si vous voulez un avis personnel, le »fish and chips » ne valait rien s’il n’était pas emballé dans une page du « Daily Mirror ». C’est ce mélange d’encre d’imprimerie et d’huile de friture qui lui apportait sa touche finale.
Mais qui en consomme encore de nos jours. L’Angleterre fout le camp. Ça a commencé avec la perte des Indes, et le reste, bière tiède, fish and chips, a inexorablement suivi.
Le Knight’s prétend être le plus ancien restaurant de « Fish and Chiprs » du royaume.