Le Paris Yiddish en 1910

Paris Yiddish_00Au cours de ses recherches préparatoires pour son livre “Monsieur Léon”, notre ami Daniel Chambon a fait, à la BNF, une fort intéressante découverte: une brochure de 1910, à l’intention des immigrants juifs d’Europe de l’Est, pleine de conseils pratiques pour faciliter leur adaptation. De ce fait, c’est le Paris yiddish de l’époque qui nous est présenté très concrètement. Daniel n’a finalement pas utilisé ce texte et il m’a suggéré de le partager avec le groupe. Qu’il en soit très vivement remercié. J’aie donc publié les passages les plus instructifs, comme d’habitude translittérés et traduits.

LE PARIS YIDDISH EN 1910 (1)

Der frish ongekumener kayn Pariz vos hot do nisht keynem un vos ken nisht di shprakh, ken zikh nisht riren azoy vi er get nor arop fun vagon. Far dem falt er do azoy arayn in di hent fun a sharlatan oder a bandit vos ekspluatirt im on a shum rakhmones. Kedey oystsumaydn di tog teglikhe skandaln hot der aroysgeber fun dozikn luekh bashlosn do tsu gebn an oyskunfts abteyl in velkher der nay-ongekumener vet gefinen ales vos ken neytik zayn tsu visn di ershte tsayt. Der dukhforender vet visn vu zikh tsu vendn un vos tsu ton. Der vos vil farblaybn vet visn vuhin zikh tsu vendn in a noyt. Vu tsu zukhn arbet un endlekh vu oyftsuzukhn zayne gedanken-fraynt. (…)

Di ershte zakh vos der ongekumener darf ton oyb er hot do nisht keynem, iz nokhtsufregn zikh oyf ru de Rozye, dos heyst der mitelpunkt fun yidishn kvartal. Dos praktishste iz tsu nemen a droshke (frantsoyzish fiakr), velkhe kost beerekh fun 1 frank mit 20 santim biz 1 frank mit 50 santim. Gelt vi vayt meglekh nisht oystoyshn oyf di ban; az men darf hobn durkhoys oystoyshn vi tsum veynikstn (dos vos men darf bald hobn). Oyf ru de Rozye arayngeyen in Rozenstrukh’s restoran. Oder in Landoy’s restoran. Men ken oykh arayngeyen in Shpayzers bukhhandlung. In di dermante erter hot men di gelegnheyt tsu trefn di fershidenste mentshn: men kon bagegenen landslayt, fakhlayt, un azoy vayter…

Paris Yiddish_01

La libraire « Speiser »à l’époque.
© Albert Harlingue / Roger-Viollet

Le texte original est bourré de fautes diverses; afin de ne pas trop compliquer, j’ai choisi de rapprocher autant que faire se peut la transcription de l’orthographe yiddish moderne sans toutefois corriger les termes « daytshmerish », c’est-à-dire importés de l’allemand.

Renseignements les plus nécessaires pour les nouveaux arrivants à Paris.

Le nouvel arrivant à Paris qui n’a personne et qui ne connait pas la langue, ne peut pas se lancer aussitôt descendu du train. Il tomberait ainsi entre les mains d’un charlatan ou d’un bandit qu’il l’exploiterait sans la moindre pitié.

Pour éviter ces scandales quotidiens, l’éditeur de cet almanach a décidé d’offrir ici une section dans laquelle le nouvel arrivant trouvera tout ce qu’il est nécessaire de savoir pour les premiers temps. Le voyageur en transit saura où s’adresser et quoi faire. Celui qui veut rester saura où s’adresser en cas de besoin. Où chercher du travail et enfin où chercher ceux qui partagent les mêmes idées. (…)

La première chose que le nouvel arrivant doit faire s’il n’a personne ici, est de demander la rue des Rosiers, c’est-à-dire le centre du quartier juif. Le plus pratique est de prendre une « droshke » (en français « fiacre »), qui coûte environ, entre 1 franc 20 centimes et 1 franc 50 centimes. Dans la mesure du possible, ne pas changer d’argent à la gare; s’il le faut absolument, changer le moins possible (de quoi pourvoir aux besoins immédiats). Dans la rue des Rosiers, entrer dans le restaurant Rozenstrukh. Ou dans le restaurant Landau. On peut aussi entrer dans la librairie Speiser. Dans les endroits mentionnés, on a l’occasion de rencontrer des gens de toutes sortes: on peut rencontrer des compatriotes, des professionnels, et ainsi de suite…

(Illustration: la librairie Speiser à l’époque)

Paris Yiddish_02LE PARIS YIDDISH EN 1910 (2)

Nous poursuivons la publication d’extraits
de la brochure « Kalendar » éditée en 1910
à l’intention des nouveaux immigrants juifs yiddishophones.

Photo :
© Eugène Atget / Musée Carnavalet / Roger-Viollet

 

DI VOS FARBLAYBN

Yene vos farblaybn in Pariz un viln gefinen arbet, veln tsum bestn ton zikh ershtns tsu vendn oyf di folgende erter.

Shnayders, kirzhners, hitelmakhers, un goldshmidn: far di ale malokhes kon men zikh nokhfregn in rozenshtroykhs restoran (ru de hospitaluer, 12 fun 12 biz 1 a zeyger mitog un fun 7 biz 9 a zeyger baynakht). Esn in di tsvey restoranen a sakh arbeter fun di fir dermonte malokhes un durkh zey kon men tsum gringsten gefinen a plats (der eygntimer fun restoran oder der kelner veysn oft fun protim vu men darf hobn arbeter. Bay zey kon men oykh nokhfregn oyf di arbeter fun yenem fakh vos men zukht).

Shtepers un shnayder fun greyte kleyder konen zikh nokhfregn in restoran filip vos gefint zikh in kvartal fun monmartr (ru ezhzn su 30).

Shnitsers, stoliares un dreksler, konen gefinen zeyre fakhlayt un nokhfregn nokh arbet in dem restoran. A khuts dem ken men trefn bakante:

– IN DER BIBLIOTEK FUN BUND, ru de l’hotel de vil, 69 fun 9 a zeyger ovnt,

– IN DER RUSISHER SOTSIAL-DEMOKRATISHE BIBLIOTEK, avenyu de goblen, 63 ofn fun 12 mitog biz 8 ovnt,

– IN DER ANARKHISTISHER BIBLIOTEK, ru vilharduen, 7 fun 9 a zeyger

– IN FOLKS UNIVERSITET, ri zharant 8, yeder ovnt fun 8 biz 10. Men ken do lezn farshidene zhurnaln un tseytungen.

DI RUMENYER

konen zikh trefn mit zeyre landslayt

IN DER GRUPE FUN RUMENISHE SOTSIALISTISHE ARBETER.

Di grupe farzamelt zikh gevenlekh yedn shabes a zeyger 9 ovnt (farlezungen, diskusyes) in kafe ru de la vereri, 2 (nebn ru de rivoli). Men kon dort lezn fershidene rusishe tseytungen.

Yedn ovnt fun 9 a zeyger kon men trefn rumenishe landslayt in kafe « o rua di kafe » 28, ru sant antuan, in der rusisher shul 17, ru de rozye. A khuts dem kon men oykh shreybn tsum sekretar fun der rusisher sotsial grupe velkhe kon helfn gefinen arbet, gebn fershidene praktishe oyskunftn, eytses un azoy vayter.

CEUX QUI RESTENT

Ceux qui restent à Paris et veulent trouver du travail, devront de préférence s’adresser aux endroits suivants.

Tailleurs, fourreurs, chapeliers et orfèvres: pour ces quatre professions, on peut se renseigner au restaurant Rozenshtroykh (12 rue des Hospitaliers, de 12 heures à 1 heure, le midi et de 7 à 9 heures le soir). De nombreux ouvriers desdites professions mangent dans ces deux restaurants et c’est à travers eux, qu’il est le plus facile de trouver une place (le propriétaire ou le serveur du restaurant connaissent souvent des détails sur les endroits où l’on a besoin d’ouvriers. Auprès d’eux, on peut aussi se faire indiquer des ouvriers de la profession que l’on recherche).

Piqueurs et coupeurs de cuir pour chaussures, tailleurs de confection peuvent se renseigner au restaurant Philippe qui se trouve dans le quartier Montmartre, (30 rue Eugène Sue).

Sculpteurs sur bois, menuisiers, tourneurs, peuvent trouver leurs collègues et se renseigner pour du travail dans ce restaurant.

En outre, on peut rencontrer des connaissances:

– A LA BIBLIOTHEQUE DU BUND, 69 rue de l’Hôtel de Ville, à partir de 9 heures du soir,
– A LA BIBLIOTHEQUE SOCIAL-DEMOCRATE RUSSE, 63 avenue des Gobelins, ouverte de midi à 8 heures du soir,
– A LA BIBLIOTHEQUE ANARCHISTE, 7 rue Villehardouin, à partir de 9 heures
– A L’UNIVERSITE POPULAIRE, 8 rue Jarente, tous les soirs de 8 à 10 heures. On peut y lire différents journaux et revues.

LES ROUMAINS peuvent rencontrer leurs compatriote s:
– AU GROUPE DES TRAVAILLEURS SOCIALISTES ROUMAINS

Le groupe se réunit habituellement chaque samedi à 9 heures du soir (conférences, débats) au café, 2 rue de la Verrerie (près de la rue de Rivoli). On peut y lire différents journaux russes.

Tous les soirs, à partir de 9 heures on peut rencontrer des compatriotes au café « Au Roi du Café », 28 rue Saint-Antoine, à la shul russe, 17 rue des Rosiers. A part cela, on peut aussi écrire au secrétaire du groupe social russe, qui peut aider à trouver du travail, fournir divers renseignements pratiques, des conseils et ainsi de suite.

LE PARIS YIDDISH EN 1910 (3)

L’auteur du “Kalendar” examine ici la situation des Juifs étrangers à Paris.

Di oyslendishe yidn in Pariz.

Di oyslendishe yidn in Pariz hobn zikh tsayt fun di progromen in Rusland shtark farmert. Mit a yor draysik tsurik zeynen zey geven beerekh fir biz finf toyznt familien. Zey hobn demolt als gemeynde nokh nit gehat keyn eygene shiftungen (moysdes). Zey hobn gehat nor eyn shul un keyn rov hobn oykh nit gehat. Di meystn fun zey zeynen untershtitst gevorn fun komitet fun der tsdoke gdole. Fun der tsayt on vos zey hobn zikh farmert hobn zey oykh a rov mit eynige shuln, talmetoyres un farshidene gezelshaftn.

Gevis veln mir in der statistik fun di oyslendishe yidn nit hobn zikh tsu basheftign mit a konsistuar, mit azoy fil voyltetige anshtaltn un mit azoy fil tsdoke-khevres vi bay di frantsoyzishe yidn. Khotsh di tsol fun di oyslendishe yidn iz nokh amol azoy groys vi yene. Nor es iz oykh keyn vunder nit vos zey zeynen orem in voyltetige anshtaltn vayl zey aleyn zeynen nit raykh. Fun derheym kumen gevenlekh di oreme layt un eyder zey shlogn zikh do tsu epes tsu, hobn zey genug mihe un laydn un der nokh freyen zey zikh az zey hobn far zikh, onshtot tsu zorgn far andere. Dertsu ligt es in der natur fun undzere brider zikh nit tsu fareynign ale tsuzamen in eyn groyse gemeynde nor zikh tsu tsuteyln in kleyne khevrelekh fun es zoln kenen zayn a sakh prezidentn un gaboyim. Alzo es felt zey akhdes un on akhdes ken keyn groyse zakh keynmol nit entshteen.

Les Juifs étrangers à Paris

Le nombre des Juifs étrangers à Paris a considérablement augmenté depuis les pogromes en Russie. Il y a trente ans, il y en avait environ quatre à cinq mille familles. Ils n’avaient alors, en tant que communauté, aucune institution. Ils n’avaient qu’une shoul et ils n’avaient aucun rabbin. La plupart d’entre eux étaient assistés par le comité de la Grande Charité. Depuis qu’ils se sont multipliés, ils ont aussi un rabbin et quelques shouls, talmud torah et diverses associations.

Evidemment, nous n’aurons pas, dans la statistique des Juifs étrangers, à nous occuper d’un consistoire, d’autant d’établissements charitables et d’autant d’associations caritatives que chez les Juifs français. Et cela, bien que le nombre des Juifs étrangers soit deux fois plus grand que ces derniers. Mais il n’est pas étonnant qu’ils soient pauvres en établissements charitables car eux-mêmes ne sont pas riches. Généralement se sont les pauvres qui viennent de chez eux et avant qu’ils n’arrivent à s’en sortir, ils ont assez de difficultés et de souffrances, et ensuite, ils se réjouissent d’avoir quelque chose à eux avant de se soucier d’autrui. En outre, il est dans la nature de nos frères, de ne pas se rassembler tous ensemble en une seule grande communauté, mais de se diviser en petites associations afin qu’il puisse y avoir beaucoup de présidents et de responsables. Ils manquent donc d’unité et sans unité, rien d’important ne peut jamais exister.

LE PARIS YIDDISH EN 1910 (4)

Di yunge mentshn vos kumen aher zeynen gevenlekh arbeter un khotsh di meystn fun zey bezetsn zikh in di yidishe kvartaln, hobn zey mit yidn un mit yidishkeyt gor nit tsu ton. Zogar di vos hobn ongehert in der heym tsu a partay fergesn do in gantsn derfun. Vorum do iz di arbet shverer vi in derheym. Un di fargenigns in der ruhetsayt iz greser vi dortn un fil antsyender. Viln zey liber genisn fun eygenes lebn vi tsu zorgn farn klal.

Eygntlikh iz Pariz nor a durkhrayze ort far di emigrantn. Dokh hot zikh do tsuzamengeklibn a groyse tsol fun zey. Genoy ken men di tsol nit ongebn, vayl bay onmeldn di oyslender vert nit dermont der nomen yid. Nor ruse, rumeyner un zo vayter ober men rekhnt beerekh 60 toyznt oyslendishe yidn in Pariz.

Di meystn zeynen rusishe un poylishe. Ober di rumenishe farnemen oykh a groysn plats hier. Oykh zeynen do daytshe un palestiner. Di daytshen viln nit visn az zey zeynen oyslender, zey zogn az zey zeynen oykh frantsoyzn vi di hige. Ober zey hobn dokh a bezundere gemeynde un a bezundern rov fun velkhe mir veln redn.

Der hoypt yidisher kvartal iz arum plats fun di basti, hoyptzerlikh in di zaytige gasn fun ru sant-antuan in onheyb ru de rivoli. Di gasn ru de rozye, ru dez ekuf, ru ferdinand du val fun eyn zayt, un ru de zharden senpol, ru sharlemani, ri di figye un a teyl fun ru de lotel de vil fun fun der andere zayt zeynen kemat in gantsn bazetst fun undzere yidn.

In yene gasn hert men nor yidish oder rusish un zuntik kokht dort fun yidn rikhtig vi in a yidishe gas in rusland shabes. Oykh der foburg sent-antuan un di zaytige gasn gehert tsum yidishn kvartal.

Eyn tsveyter ort vu es hobn zikh bazetst a sakh yidn iz oyf monmartr. Dortn iz ober nit azoy onkentig der yidisher geto vi in di gasn vos zeynen in mitn shtot, vayl dortn zeynen zey nit azoy tsuzamengedrukt. Ober khuts ot di tsvey erter gefinen zikh yidn farshpreyt iber gants Pariz.

Les jeunes qui viennent ici sont habituellement des travailleurs et bien que la plupart s’installent dans les quartiers juifs, ils n’ont que très peu de rapports avec les Juifs et avec la vie juive. Même ceux qui appartenaient à des partis politiques au pays, oublient cela complètement. car ici le travail est plus dur qu’au pays. Et les plaisirs au temps du repos sont plus grands aussi et bien plus attractifs. Ils préfèrent donc profiter eux-mêmes de la vie plutôt que de se préoccuper de la communauté.

En soi, Paris n’est qu’un lieu de passage pour les émigrants. Cependant un grand nombre d’entre eux s’est rassemblé ici. On ne peut pas en donner le nombre exact car dans les déclarations des étrangers la qualité de Juif n’est pas mentionnée. Seulement Russe, Roumain etc… Mais on estime à environ 60000, le nombre des Juifs étrangers à Paris.

La plupart sont Russes ou Polonais mais les Roumains occupent aussi une place importante ici. Il y a aussi des Allemands et des Palestiniens. Les Allemands ne veulent pas admettre qu’ils sont étrangers, ils disent qu’ils sont aussi Français que ceux d’ici. Mais ils ont cependant leur communauté à part et un rabbin à eux dont nous reparlerons.

Le principal quartier juif est autour de la place de la Bastille, essentiellement dans les rues adjacentes de la rue Saint-Antoine et du début de la rue de Rivoli. Les rues des Rosiers, des Ecouffes, Ferdinand Duval d’un côté, et les rues des Jardins Saint-Paul, Charlemagne, du Figuier et une partie de la rue de l’Hôtel de Ville de l’autre, sont presqu’entièrement occupées par nos Juifs.

Dans ces rues on n’entend parler que yiddish ou russe et le dimanche, cela bouillonne de Juifs exactement comme une rue juive de Russie le samedi. Le faubourg Saint-Antoine et les rues adjacentes appartiennent aussi au quartier juif.

Un second endroit où se sont installés beaucoup de Juifs est Montmartre. Là-bas cependant, on ne peut autant reconnaitre le ghetto juif que dans les rues du centre-ville car là-bas ils ne sont pas aussi compacts. Mais en dehors de ces deux endroits, se trouvent des Juifs éparpillés dans tout Paris.

LE PARIS YIDDISH EN 1910 (5)

Les métiers

Amol hobn zikh ale naygekumene genumen tsum arbetn kasketn. Ershtens iz di arbet geven far zey laykht oystsulernen zikh un zey hobn derbay gut fardint. Tsveytens vayl bay der arbet hobn ezy gehat di meglekhkeyt nit tsu arbetn shabes vos demolt iz es nokh geven bay zey a vikhtige zakh. Bay der arbet zeynen zey geven kimat zelbstshtendig. Zuntik flegn zey aleyn forn oyf di merk tsu farkoyfn dos vos zey hobn oysgearbet di gantse vokh. Ven zey hobn zikh ober farmert un di konkurents iz gevorn greser, hobn zey zikh oykh genumen tsu andere melokhes. Iberhoypt zeynen gekumen aher di letste tsayt azelkhe vos hobn shoyn a melokhe in der hant. Dokh iz di tsol fun di kasketers (oyser shnayder un furier), vi men vet zen fun di vayterdike statistik, imer ibervigend.

Di greste tsol fun di yidishe arbeter nemen eyn di shnayder, menershnayder un damenshnayder. Bay gute arbet kenen zey fardinen tsvelf biz fuftsen frank a tog. Nor derbay muzen zey shver arbetn un makhen ibershtunden. Zey hobn ober oykh mort sezon dos heyst di tsayt vos es iz nito keyn arbet. Dan fardinen zey veynig. A groyse tsol fun di shnayder haltn groyse maystershaft un arbetn far di greste magazinen un zogn: aha! zi vil oykh khasene hobn mit a shnayder? Punkt azoy vi men zogt in rusland: aha! zi vil oykh khasene hobn mit a dokter? Di shnayder zitsen in farsheydene kvartaln. Iberhoypt oyf monmartr vu zey hobn oykh a bazundere shul.

A raykhere un a laykhtere branzhe derfun iz di peltsarbet oder di furiers vi men zogt do. Dize arbet iz ersht mit eynige yor tsurik in hie ayngefirt gevoren un hot zikh alts mer farshpreyt. Tsu makhn a masterskaye fun peltsarbet ken men nit on a gevisn kapital. Un derfar iz di konkurents nit azoy groys un dos gesheft iz nokh nit fardorben gevorn. Di arbeter fardinen biz fuftsen frank a tog ober in mort sezon vos gedoyert eynige monat fardinen zey gor venig.

Les métiers

Autrefois, tous les nouveaux arrivants se mettaient au travail des casquettes. Premièrement, ce travail était facile à apprendre et ils gagnaient bien leur vie avec. Deuxièmement, parce qu’avec ce travail, ils avaient la possibilité de ne pas travailler le samedi, ce qui à l’époque était encore important pour eux. Avec ce travail, ils étaient presqu’indépendants. Le dimanche, ils allaient eux-mêmes sur les marchés pour vendre ce qu’ils avaient fabriqué pendant la semaine. Mais lorsqu’ils se sont multipliés, la concurrence a augmenté et ils se sont aussi mis à d’autres professions. Surtout sont arrivés ces derniers temps, des gens qui avaient déjà un métier en main. Malgré tout, le nombre des casquettiers est toujours, comme on le verra dans les statistiques, le plus important (à l’exception des tailleurs et des fourreurs).

La profession la plus nombreuse parmi les travailleurs juifs est celle des tailleurs, tailleurs pour hommes et tailleurs pour dames. En travaillant bien, ils peuvent gagner de douze à quinze francs par jour. Mais pour cela, ils doivent travailler dur et faire des heures supplémentaires. Ils ont cependant une morte-saison, c’est à dire une période où il n’y a aucun travail. Dans ces périodes, ils gagnent peu. Un grand nombre de tailleurs à une qualification élevée et travaillent pour les plus grands magasins et ils disent: “ah, ah! elle aussi veut épouser un tailleur?” Exactement comme on dit en Russie: “ah, ah! elle aussi veut épouser un docteur?” Les tailleurs résident dans différents quartiers. Principalement à Montmartre et ils ont leur shul à eux.

Une branche plus riche et plus facile est le travail des peaux ou les fourreurs comme on dit ici. Ce métier est arrivé ici, il y a seulement quelques années et s’est répandu de plus en plus. On ne peut pas ouvrir un atelier de fourrure sans un certain capital. Et de ce fait la concurrence n’est pas aussi forte et la profession ne s’est pas encore dégradée. Les travailleurs gagnent jusqu’à quinze francs par jour mais pendant la morte-saison qui dure plusieurs mois, ils gagnent très peu.

LE PARIS YIDDISH EN 1910 (6)

Les métiers juifs (suite)

Di shusters zeynen nokh di merste. Zey zeynen kimat ale zebstshtendik, dos heyst zey arbetn far zikh in kleyne kleytlekh. Zey haltn eyn arbeter, hekhstns tsvey. Fil fun zey handlen oykh mit shukhvarg, mit alte un naye. Di vos arbetn bay andere fardinen durkhshnitlekh 6 biz 8 franks a tog. Di shusters zeynen farshpreyt ibern gantsn shtot. Nor hoyptzekhlikh gefinen zey zikh in yidishn kvartal un oyf grenel.

Eyne fun di beste handverkn iz di stoliarske. Di stoliares fardinen durkhshnitlikh 10 frank a tog un es iz oykh do groyse mebl-magazinen yidishe. Di meystn fun zey voynen in fobur sent-antuan un in di arumige gasn.

Di kasketn arbet iz nokh biz haynt a gute handverk. Der guter arbeter ken fardinen biz 12 frank oder mer a tog. Dokh baklogn zey zikh, iberikns ale arbeter, az di fabrikantn (oder vi men zogt do, di patronen) ekspluatirn zey un az yene vern raykh fun zeyere arbet un mih. Es iz emes as es iz do fabrikantn vos zeynen gekumen aher zeyer orem un zeynen nakher raykh gevorn. Ober es iz oykh do azelkhe vos hobn zikh far keyn fal nit gekont onheybn un kumen tsu epes.

Goldarbeter zeynen do kimat in der zelbige tsol vi kasketers. Nor di meysten goldarbeter hobn shoyn gekent zeyere arbet tsu hoyz. Mer nit vos do iz di arbet fayner un dertsu felt zey di frantsoyzishe shprakh. Darum kenen zey nit keyn sakh fardinen un zey heybn on mit dray oder fir frank a tog. Ober mit der tsayt shteygn zey un es iz do a sakh vos fardinen 9 biz 10 frank a tog.

Kimat di zelbige zakh ken men oykh zogn fun di zeygermakhers. Zeyer fardinst iz tsvishn 5 un 9 frank a tog.

Mir veln zikh do nit obshteln bay ale handverkn vos vert gearbet in Pariz fun undzere brider. Nor durkhshnitlekh ken men ongebn dem fardinst fun di arbeter fun 6 biz 10 fr. a tog.

Les métiers juifs (suite)

Les cordonniers sont encore les plus nombreux. Ils sont presque tous indépendants, c’est-à-dire qu’ils travaillent pour eux-mêmes dans de petites boutiques. Ils ont un ouvrier, au maximum deux. Beaucoup parmi eux vendent aussi des chaussures, neuves et d’occasion. Ceux qui travaillent chez un autre gagnent en moyenne 6 à 8 francs par jour. Les cordonniers sont éparpillés sur toute la ville mais ils se trouvent principalement dans le quartier juif et à Grenelle.

Un des meilleurs métiers est l’ébénisterie. Les ébénistes gagnent en moyenne 10 francs par jour et il y a aussi de grands magasins de meubles tenus par des Juifs. La plupart habitent le faubourg Saint-Antoine et les rues avoisinantes.

Le travail des casquettes est encore jusqu’à aujourd’hui un bon métier. Le bon ouvrier peut gagner jusqu’à 12 francs par jour ou davantage. Pourtant ils se plaignent, tous les ouvriers d’ailleurs, de ce que les fabricants (ou comme on dit ici, les patrons) les exploitent et s’enrichissent de leur travail et de leur peine. Il est vrai qu’il y a des fabricants qui sont arrivés ici très pauvres et sont devenus riches par la suite. Mais il y en a aussi qui ne sont jamais parvenus à s’élever et à arriver à quelque chose.

Les orfèvres sont presque aussi nombreux que les casquettiers. Mais la plupart connaissaient déjà leur métier chez eux. Seulement ici le travail est plus raffiné et de plus, il leur manque la connaissance de la langue française. De ce fait, ils ne peuvent pas gagner beaucoup et ils commencent avec trois ou quatre francs par jour. Mais avec le temps, ils s’élèvent et il y en a beaucoup qui gagnent de 9 à 10 francs par jour.

On peut dire presque la même chose des horlogers. Leurs gains vont de 5 à 9 francs par jour.

Nos n’allons pas ici nous arrêter à tous les métiers qui sont exercés par nos frères à Paris mais en moyenne, on peut indiquer une rémunération des ouvriers entre 6 et 10 francs par jour.

LE PARIS YIDDISH EN 1910 (7)

Où l’on découvrira des connivences surprenantes entre le judaïsme officiel et la république française de l’époque.

Vi men zet, iz der materieler tsushtand fun di oyslendishe yidn in Pariz gants nit shlekht.

Oyb di moralishe lage iz nit zeyer hoykh , muz di gaystige lage nokh shvakher zayn. Es iz shtark tsu vinshn dos zey zoln farshteyen oystsunitsn ale meglekhkeytn oystsubesern di madreyge. Den, vi men ken es dazeyen, iz es do in Pariz nit shver tsu makhn. Di tsugereyzte yidn hobn do nit mer vi tsvey rabonim.

Fun di beyde rabonim, basheftikt zikh nor eyner mit shtot zakhn, mit hashgokhe oyf kashres, oyf shkhite. Er zitst oykh in parizer beyt-din un git getn ober nit bay zikh tsu hoyz. Der tsveyter basheftikt zikh kimat oysshlislikh nor mit getn bay zikh in derheym.

Derbay viln mir bamerkn dos der yidisher get fun konsistuar hot a groysn vert farn frantsoyzishn gezets. Vorem khaseneh hobn un zikh getn muz men in frankraykh oyf di meri. Ober der getn zikh kumt on zeyer shver. Es darf gedoyern finf yor eyder men bakumt dos rekht dertsu ober az men hot zikh frier geget baym rov ken men bakumen gikh a get in der meri. Di urzakhe derfun iz dizer:

Bes der shtat in frankraykh hot zikh opgeteylt fun der religyon, zeynen di hige rabonim geven in farlegnheyt vegn yidishn get, vorem der yidisher get hot nit gehat keyn kraft far dos gezets un di rabonim hobn oykh nit gekent tsulozn az a froy zol nokhamol khasene hobn on a yidishn get. Hobn zey zikh demolt gevendet tsum minister un azoy vi zey hobn zikh opgeteylt mit der regirung in gutn un in feynkeyt (di katolikn hobn zikh mit ir shtark tserisn) hot di regirung oykh mit zey zikh fayn bagangn un hot zey gegebn di privilegye fun get. Az mit zeyer get zol men zikh kenen bald getn oykh in der meri un on zeyer get zol zikh es tsiyen yorn lang. Un ven eyner hot khasene nit gegeterheyt vert er shtreng bashtroft.

Der higer religyezer tsushtand vi oykh dem forshrit fun frayen gedank ken men oykh aroyszeyen fun di shuln un besmedrishim vos gefinen zikh do in onshtot in rusland fun der zelbiker tsol yidn vet ir gefinen nit veniger vi 40 oder 50 shuln un besmedrishim. In Pariz zeynen a tsendlik. Un vi zeyen zey oys?… Dem gantsn tog zeynen zey geshlosn un nor tsum davnen kloybt zikh tsuzamen eyn minyen. Andere zeynen di gantse vokh geshlosn un nor shabes davnt men in zey.

Comme on le voit, la situation matérielle des Juifs étrangers à Paris n’est pas mauvaise du tout.

Si l’état moral n’est pas très élevé, l’état spirituel ne peut-être que plus faible encore. Il est vivement à souhaiter qu’ils sachent utiliser toutes les possibilités pour améliorer le niveau. Car comme on peut s’en rendre compte, ce n’est pas difficile à faire ici, à Paris. Les arrivants juifs n’ont pas plus de deux rabbins ici.

De ces deux rabbins, un seul s’occupe des choses pratiques, surveillance de la “cachrout”, de la “shritah” (abattage rituel). Il siège également au beth-din de Paris et délivre des “get” mais pas chez lui. Le second ne s’occupe presqu’exclusivement que de “get” à partir de chez lui.

Nous voulons, à ce propos, signaler que le “get” juif donné par le Consistoire a une grande valeur devant la loi française. Car se marier ou divorcer se fait à la mairie en France. Mais il est très difficile de divorcer. Il faut cinq ans avant d’en obtenir l’autorisation mais si l’on a auparavant divorcé chez le rabbin, on peu obtenir le divorce en mairie rapidement. L’origine de cette situation est la suivante:

Lorsque l’état s’est séparé de la religion en France, les rabbins se sont trouvés dans le désarroi quant au “get”, car le “get” n’avait aucun effet au regard de la loi et, d’un autre côté, les rabbins ne pouvaient laisser une femme se remarier sans un divorce juif. Ils se sont alors adressé au ministre et comme ils se sont séparés du gouvernement en excellents termes (les catholiques étaient en conflit violent avec lui), le gouvernement s’est également comporté agréablement avec eux et leur a accordé le privilège du divorce; avec leur “get”, on pouvait aussitôt divorcer en mairie, tandis que sans leur “get” cela prenait des années. Et si quelqu’un se remariait sans “get”, il était sévèrement puni.

La situation religieuse ici, de même que les progrès de la libre-pensée, on peut également les apercevoir en comparant avec la Russie où pour le même nombre de Juifs, vous trouverez 40 ou 50 shuls et beth-hamidrashim (maisons d’études). A Paris, il y en a une dizaine. Et à quoi ressemblent-ils?… Toute la journée, ils sont fermés et ce n’est que pour l’office que se réunit un minyan. Les autres sont fermés toute la semaine et l’on n’y prie que le shabbat.

LE PARIS YIDDISH EN 1910 (8)

Le chemin de l’intégration

Ivrit beivrit vert gelernt in der universite populer, vu es zeynen do tsvey lerer, eyner far klenere kinder un eyner far gresere. Men lernt dort tsvey sho in tog. Di tsol fun di kinder vos geyn ahin iz 40 biz 50. Yeder kind tsolt a frank a vokh.

Di yidishe universite populer iz gegrindet gevorn in 1903, hoyptzetslikh far unzere brider di nay-ongekumene. Der tsil fun der universite iz tsu makhn heymish di fremde in Pariz un zey bakanter makhn mit di frantsoyzishe shprakh un frantsoyzishe gayst. Tsu dem tsvek iz dortn do kursn tsu lernen di fratsoyzishe shprakh un es vern oft gehaltn kursn un redes vos zoln kenen oyfheybn zeyer geystign tsushtand tsu a hekhern punkt.

Dort git men zey a iberblik iber di yidishe historye un visnshaft, un iberhoypt zukht men dort tsu dervekn un entviklen in zey der yidisher gefil un shtolts un zey bakant makhn mit ale fragn vos onbetreft dem yidn in di itstige tseyt. Es haltn dortn redes di barimteste yidishe redner azoy vi Max Nordau, Reynach fun deputierten hoyz, Dokter Marmarek un azoy vayter.

In der universite populer gefinen zikh a leze zal un a bibliotek tsu leyenen fershidene bikher. Di frantsoyzishe kursn zeynen dort ale ovnt fun akht biz tsen azeyger. Redes un konferentsn vern dort gehaltn eynige mol a vokh. Dem letstn halb-yor hobn dortn organizirt konferentsn un farzamlungen oyf fershidene visnshaftlikhe un gezelshaftlikhe temen oykh di parizer grupn fun di sotsyalistn teritorialistn un fun der yidisher sotsyalistishe partay “poaley-tsion”. Oyser dem vern dort oft gemakht frayndlikhe ferzamlungen un literarishe un artistishe oventn. Dort lernt men oykh ivrit beivrit. (…)

Frantsoyzishe kursn far undzere yidn gefinen zikh in di lyses un in di meris vos es gefinen zikh in di yidishe kvartaln azoy vi in “Lycée Charlemagne”.

Le chemin de l’intégration

L’hébreu moderne est enseigné à l’Université Populaire, où se trouvent deux enseignants, l’un pour les petits enfants et l’autre pour les grands. On y étudie deux heures par jour; le nombre d’enfants qui y vont est de 40 à 50. Chaque enfant paye un franc par jour.

L’Université Populaire Juive a été fondée en 1903, principalement pour nos frères nouveaux arrivants. Le but de l’Université est de faire que les étrangers se sentent mieux à Paris et de les familiariser avec la langue française et la mentalité française. Dans ce but, il y a là des cours pour apprendre la langue française et l’on y donne souvent des cours ou des exposés susceptibles d’élever leur niveau d’éducation.

Là, on leur donne un aperçu de l’histoire et de la science juives, et surtout on cherche à y éveiller et développer un sentiment juif et une fierté juive et et de les familiariser avec toutes les questions qui concernent le Juif à notre époque. Y donnent des conférences les conférenciers juifs les plus célèbres comme Max Nordau, le député de l’Assemblée nationale Reinach, le Docteur Marmarek etc..

A l’Université Populaire, se trouvent une salle de lecture et une bibliothèque pour la lecture avec toutes sortes de livres. Les cours de français y ont lieu tous les soirs de 8 à 10 heures. Des allocutions et des conférences s’y tiennent plusieurs fois par semaine.

Au cours du dernier semestre y ont également organisé des conférences et des rassemblements sur divers sujets scientifiques et sociaux les groupes parisiens des socialistes territorialistes (1) et du parti socialiste juif “Poale Tsion” (2). En dehors de cela, on y tient souvent des réunions amicales et des soirées littéraires ou artistiques. On y enseigne aussi l’hébreu moderne. (…)

Des cours de français pour nos Juifs sont donnés dans les lycées et mairies des quartiers juifs comme le lycée Charlemagne.

NDT: (1) le socialisme territorialiste était, avant la déclaration Balfour, un mouvement qui proposait de créer un foyer juif en dehors de la Palestine puisque l’empire ottoman n’en voulait pas. Les principales destinations envisagées étaient l’Argentine ou l’Ouganda.

(2) Le Poale Tsion était un mouvement politique qui voulait faire la synthèse entre sionisme et marxisme, “a lek Tsion un a shmeck Marx”, comme s’en moquaient certains. Il est l’ancêtre du travaillisme israélien, dont Ben-Gurion devint le leader emblématique et se divisa ultérieurement en une aile gauche et une aile droite dont les descendants sont encore présents dans la politique israélienne aujourd’hui.

LE PARIS YIDDISH EN 1910 (9)

Les Œuvres de Bienfaisance et de Secours Mutuel

Anshtaltn fun tsdokes in eygntlikhn zin d.h. oysteyln tsdokes tsu di oreme hobn undzere yidn zeyer veynik oyftsuvayzn. Derfar hobn zey a sakh gezelshaftn fun gegnzaytige hilf vu men shtitst zikh eyner dem tsveytn in fal fun noyt, un dos ot fil mer vert vi di oysteylung fun nedoves. Den der rikhtiger oreman vos iz nit keyn shnorer filt zikh durkh di nedove vos er muz nemen zer erniderikt, un der shnorer tsit zey nokh mer tsum shnorn. Dagegn bay di gegnzaytige hilf bakumt yeder vos vert geshtitst dos vos es gehert. Ober eyn tsdoke-anshtalt iz unbeshtreytbar zer vikhtik un neytik. Dos iz tsu gebn nakhtleyger un derkvikung durkhreyzende un nayongekumene. Un aza antshtalt hobn take undzere brider un kenen zikh mit im barimen un dos iz der azil akhnoses-orkhim:

YIDISHER HAKHNOSES-ORKHIM IN PARIZ : L’ASILE DE NUIT ISRAELITE DE PARIS 15, RUE DU FIGUIER

Biz tsum yor 1900, hobn yidishe oreme durkhrayzender durkh pariz nit gehat avu ontsushparn zeyer kop zogar oyf eyn nakht,. Un tsvishn ale vohltetige antshtaltn vos di frantsezishe yidn hobn gegrindet hot gefelt di vikhtikste, eyn hakhnoses-orkhim. In oybndermontn yor hobn zikh genumen eynige teteige mentshn, rusishe vi rumenishe tsu shafn eyn ort, vu durkhrayzende un naygekumene zoln hobn zikh oystsuruen eynige teg biz tsu zeyer vayter-rayze oder biz zey veln bakumen arbet in Pariz, un hobn gebildet a gezelshaft unter dem nomen “Asile Israélite”.

Di shverikeyt in der ershter tsayt iz geven zeyer groys un ir egzistents iz nit geven gants zikher. Bald iz ober tsugetretn tsu der gezelshaft der oyber rabiner fun frankraykh harov Tsadok Kahn un fun demolt on hot di gezelshaft gekent hofn oyf a zikhere egzistents. Durkh zeyne farvendung hot di baronin Adolf Rotshild gegebn ir baytrag tsen toyznd frank. In yor 1905 iz geven der kasebeshtand baerekh 15000 Fr un di tsol fun di mitglider 450. Di eynkinfte fun dem azil zeynen di yerlikhetsolungen velkhe bashteyt fun tsvelf frank a yor, fun nedoves un fun beler vos men makht oftmol . Di alians yizraelit hot zi oykh untershtitst di letste yorn mit a sume fun 1500 frank a yor. Gegenvertig hot di gezelshaft batsolt far a plats oyf monmartr 46000 Fr. Oyserdem bazitst zi nokh eyne sume fun 50 toyznd frank vos hobn geshenkt di brider Mertsbakh un nokh eynige toyznd frank in kase un in kurtsn hoft zi ibertsutrogn dem azil in 12 ru de sol in a sheynem eygenem hoyz.

ERSHT IN DER NOMEN FUN AZIL ASILE DE NUIT ISRAELITE DE PARIS

Di tsol der mitglider iz mer vi 800, un mer als 1500 mentshn gefinen dortn shuts yerlekh. Anfangs flegt men di durkhrayzende haltn nor finf nekht, shpeter hot men di tsol fun di nekht farmert biz oyf tsen.

Oyser nakhtlager bakumen zey oykh vareme shpayzn ale in der fri un farnakht.

Les Œuvres de Bienfaisance et de Secours Mutuel

Des institutions de charité au sens propre, c’est-à-dire qui distribuent des aumônes aux pauvres, nos Juifs en ont peu à faire valoir. Parce qu’ils ont beaucoup de sociétés de secours mutuel où l’on s’aide les uns les autres en cas de besoin, et cela a beaucoup plus de valeur que la distribution d’aumônes. Car le véritable pauvre qui n’est pas un shnorer se sent très humilié par l’aumône qu’il est obligé d’accepter, tandis qu’elles ne font que pousser le shnorer encore plus à la mendicité.

En revanche par le secours mutuel, celui qui est aidé reçoit ce qu’il faut.

Mais une institution de charité est incontestablement importante et nécessaire. Celle qui apporte le gîte et le couvert aux voyageurs de passage et aux nouveaux arrivants. Et nos frères ont justement une telle institution et peuvent s’en vanter: il s’agit de l’asile “Hakhnoses Orkhim” (devoir d’hospitalité)

YIDISHER HAKHNOSES-ORKHIM IN PARIZ : L’ASILE DE NUIT ISRAELITE DE PARIS 15, RUE DU FIGUIER

Jusqu’en 1900, les Juifs pauvres qui passaient par Paris, n’avaient pas d’endroit où poser la tête même pour une nuit. Et parmi toutes les institutions de bienfaisance que les Juifs français ont créées, il manquait la plus importante, un asile de nuit. Dans l’année mentionnée plus haut, plusieurs philanthropes, des russes et des roumains, ont entrepris de créer un endroit où les voyageurs de passage et nouveaux arrivants pourraient se reposer quelques jours avant de poursuivre leur voyage ou de trouver du travail à Paris et ont fondé une société sous le nom d’Asile Israélite.

Les difficultés furent très grandes au début et son existence n’était pas complètement assurée. Mais bientôt se joignit à la société, le Grand Rabbin de France, Zadok Kahn, et à partir de là, la société put compter sur une existence pérenne. Par son entremise, la baronne Adolf de Rotschild apporta une contribution de dix mille francs. En 1905, la trésorerie s’élevait à 15000 francs et le nombre des membres à 450. Les ressources de l’asile sont les cotisations annuelles qui sont de douze francs par an, de donations et de bals qui sont fréquemment organisés. L’Alliance Israélite l’a aussi soutenue avec une somme de 1500 francs par an. récemment, la société a payé un emplacement à Montmartre 46000 Fr. En outre, elle détient aussi une somme de 50000 francs offerte par les frères Mertsbach et encore quelques milliers de francs en caisse et elle espère prochainement transférer l’asile au 12, rue des Saules dans un bel endroit en pleine propriété.

PREMIER PARMI LES ASILES : ASILE DE NUIT ISRAELITE DE PARIS

Le nombre de membres s’élève à 800, et plus de 1500 personnes y sont reçues par an. Au début, on n’accueillait les voyageurs de passage cinq nuits au plus, ultérieurement on porta le nombre maximum de nuitées à dix. Outre le gite, ils reçoivent aussi un repas chaud matin et soir.