18 novembre 1976 Disparition de Man Ray, un pionnier du dadaïsme et du surréalisme dans les arts visuels.
Man Ray, un passé de fer à repasser.
Au cours de sa carrière d’artiste, Man Ray laissa filter peu de détails sur sa jeunesse ou ses antécédents familiaux. Il refusait même de reconnaître qu’il avait porté un autre nom que Man Ray.
Man Ray est né sous le nom d’Emmanuel Radnitzky au sud de Philadelphie en 1890. Il était le fils aîné de deux immigrants juifs russes, Max, un tailleur, et Minnie Radnitzky. Au début de 1912, la famille Radnitzky changea son nom de famille pour Ray. Le frère de Man Ray choisit le nom de famille en réaction à la discrimination ethnique et à l’antisémitisme qui prévalaient à l’époque. Emmanuel, qu’on surnommait « Manny » changea son prénom en Man et commença à utiliser Man Ray comme son seul nom.
Pendant la Première Guerre mondiale, le pionnier de l’Art moderne, Marcel Duchamp fait un séjour aux États-Unis. Sa toile « Nu descendant les escaliers », exposée lors de l’inauguration de l’Armory Show de 1913, lui vaut une notoriété immédiate. Quand cet Européen élégant, réservé, aristocratique, rencontre Emmanuel Radnitzky, petit de taille, exubérant, drôle et inventif, une amitié durable se forma. Le radicalisme artistique de Duchamp, de trois ans son aîné, incite l’Américain à explorer les extrêmes limites de l’art.
Radnitzky désire prendre ses distances avec son identité juive et ses origines familiales. Il a honte du métier de son père qui avait gagné sa vie à la machine à coudre dans un sweat-shop. Il change donc son nom pour Man Ray, un nom d’avant-garde parfait pour un artiste moderne ayant un avenir, mais pas de passé.
Le combat de Man Ray pour se distancier de son passé se révèle dans sa sculpture de 1920 composée d’une machine à coudre soigneusement enveloppée dans une couverture militaire et solidement ligotée par une corde. Sur un des côté, un petit écriteau: « Ne pas déranger », écrit en trois langues.
Ce besoin désespéré de couper le cordon ombilical avec la famille, un thème qui le hante, inspire à Man Ray certaines des pièces les plus célèbres de l’art radical.
En juillet 1921, Man Ray se rend à Paris. Il y est accueilli par Duchamp, qui l’amène au Café Certa pour rencontrer le cercle Dada. Même sans connaître la langue française, Man Ray impressionne le groupe.
Plus tard cette année-là, avant l’ouverture de sa première exposition à Paris, Man Ray tombe en arrêt devant un simple fer à repasser de tailleur. Il fixe 14 clous alignés sur son côté plat et crée une icône de l’art moderne. Il a transformé le fer à repasser en une arme à pointes.
Mais quelle agressivité envers son héritage !

