29 février 1940
« Autant en emporte le vent » obtient 8 oscars sur 13 possibles, porté par la performance inoubliable de ses quatre vedettes: Clark Gable, Vivien Leigh, Olivia de Havilland et Leslie Howard, le plus « british » des acteurs juifs hongrois et militant antifasciste jusqu’à son dernier souffle.
Leslie Howard Steiner naquit le 3 avril 1893 à Londres de Ferdinand Steiner, un financier juif hongrois, et de Lillian Blumberg, d’origine juive prussienne orientale. A 5 ans, le petit Leslie déménagea avec sa famille à Vienne, où il passa cinq années. L’antisémitisme ambiant fit revenir les Steiners définitivement en Angleterre en 1903.
Leslie reçut l’ordre d’oublier la culture teutonique. Il était même puni s’il osait parler Allemand en étant obligé de « manger un morceau de pain grillé à la moutarde. »
À l’âge adulte, ayant déjà une important carrière théâtrale et à l’écran derrière lui, Howard réagit avec prescience à la montée du fascisme européen.
En 1934, dans « The Scarlet Pimpernel » (Le Mouron rouge), une adaptation des romans de la baronne Orczy, Howard et le producteur juif hongrois Alexander Korda firent disparaitre les références antisémites de l’original, dans lequel le protagoniste se déguise en « un vieux Juif avec l’habituel dos vouté de sa race méprisée en signe de fausse humilité ».
Au lieu de cela, Howard et Korda insérèrent des louanges, absentes du roman original, pour le champion de boxe juif séfarade du 18ème siècle, Daniel Mendoza.
Un des premiers partisans de l’armement de l’Angleterre contre le fascisme, Howard essaya en 1937 de faire appel à Winston Churchill, faucon également, comme consultant pour un film jamais réalisé sur Lawrence d’Arabie.
Howard fit bientôt le tour de Europe pour engranger des soutiens pour l’antifascisme, se heurtant souvent à l’opposition, jusqu’aussi tard que janvier 1940, de personnalités aussi peu perspicaces que l’écrivain juif français André Maurois (né Émile Salomon Wilhelm Herzog).
On peut soutenir que les films antifascistes souvent ignorés de Howard comme « Pimpernel Smith » de 1941 (décrit par son fils comme « le film le plus violemment anti-nazi jamais produit ») sont son apport véritable, et non son rôle ultra-fameux dans « Autant en emporte le vent ».
C’est en voyant « Pimpernel Smith » que Raoul Wallenberg aurait été convaincu de sauver les Juifs des nazis, tandis que son film « The First of the Few » de 1942 rend hommage au combat des aviateurs britanniques, et que « The Gentle Sex », exalte le courage des femmes britanniques.
Le premier juin 1943, il monte à bord du vol 777 pour Lisbonne pour une nouvelle tournée de propagande anti-nazie. Il est abattu par des chasseurs allemands au-dessus du golfe de Gascogne.
