26 février 1882
Décès à Francfort-sur-le-Main de Moritz Daniel Oppenheim, le premier peintre juif.
Moritz Daniel Oppenheim était un peintre et graveur juif allemand né à Hanau en Allemagne, le 7 janvier 1800. Il fut considéré comme le premier peintre juif car il fut le premier artiste juif à être accepté dans la société allemande non juive.
Alors que de nombreux artistes juifs du dix-huitième et dix-neuvième siècle se convertissaient au christianisme afin d’être acceptés comme artistes dans le monde moderne, Oppenheim resta un Juif observant et dévoué tout au long de sa carrière et de sa vie. Il fut le premier artiste au XIXe siècle à évoquer franchement sa forte identité juive tout en travaillant en même temps pour le secteur allemand non-juif.
Jusqu’à l’émancipation de la communauté juive européenne, les artistes juifs avaient été confinés dans leurs ghettos, interdits dans les institutions d’art classique et des formations avec des maîtres artistes. Le travail d’un artiste juif ne pouvait atteindre que sa communauté.
Moritz Oppenheim devint le premier peintre juif à recevoir une formation artistique classique et à se trouver en contact avec les mouvements artistiques modernes. Il fut aussi le premier à obtenir une reconnaissance officielle du monde non juif.
Oppenheim ese fit connaître dans les cercles non-juifs comme portraitiste des goyim et de Juifs éminents, travail qui lui valut lune réputation universelle. Avant ses trente ans, Oppenheim était déjà considéré comme un portraitiste à succès. Il remporta de nombreux concours et rencontra même Goethe, la figure de proue de la culture allemande. Des années 1830 aux années 1850, Oppenheim fut le portraitiste officiel de la famille Rothschild, si bien qu’il fut parfois dénommé le « peintre des Rothschild et le Rothschild des peintres ». Il fut également été chargé de peindre les portraits du Kaiser Otto IV et de l’EmpereurJoseph II en 1839.
Son oeuvre ultérieure explore la rencontre entre les traditions juives et le monde moderne, tel qu’elle était vécue par la communauté juive européenne après l’émancipation. Une grande partie du travail d’Oppenheim se concentre sur la représentation de la culture, des traditions et de la religion juives. Mais plus encore, son art dépeint les luttes socio-politiques de la communauté juive – les difficultés et les conflits que les Juifs allemands ont rencontré en essayant de se transformer en individus émancipés et assimilés tout en conservant leur identité juive.
La nostalgie sentimentale du passé ainsi que les expériences antisémites du présent furent aussi des thèmes fréquents dans le travail d’Oppenheim, alors qu’il cherchait à trouver des solutions au dilemme juif allemand du milieu du XIXe siècle.
Par son oeuvre, Oppenheim essaya de préserver et même de renforcer l’identité juive tout en défiant les préjugés de son public non juif. Pour ce faire, l’artiste mit l’accent sur les aspects attrayants de la vie et de la culture juives.
Dans plusieurs tableaux représentant des ghettos juifs d’avant l’émancipation de la fin du XVIIIe siècle, Oppenheim décrit des ghettos propres, chaleureux et confortables, contre la conception commune qu’ils étaient sales et inconfortables.
Ismar Schorsch, cité par Jewish Heritage Online Magazine, écrit: « Les ghettos d’Oppenheim n’apparaissent pas comme l’incarnation de l’infériorité culturelle juive, du retard social, de la stérilité économique et de la dépravation morale, comme l’affirmaient avec véhémence les premiers adversaires de l’émancipation et les Maskilim. . . . Oppenheim a peint le ghetto comme un havre de civilité et de sainteté dans un monde non civilisé, une oasis dans laquelle le Juif, forcé de chercher son gagne-pain en territoire hostile, retournait pour restaurer son corps et son âme. »
Oppenheim choisissait soigneusement les aspects de la vie juive à montrer pour atteindre son objectif personnel de peindre les Juifs sous un jour positif pour le public allemand. Beaucoup de ses peintures dépeignent la famille juive entourée de livres et immergée dans l’étude, dans un effort pour combattre le stéréotype commun selon lequel les Juifs étaient incultes.
La famille juive est aussi souvent représentée dans les peintures d’Oppenheim, en accord avec la valeur que la société allemande lui accordait à cette époque et la croyance qu’une vie de famille forte engendrait la moralité. En illustrant la pratique religieuse juive et ses fêtes, Oppenheim prenait en compte, en décidant quoi peindre et comment, les perceptions allemandes de ces événements étranges et répréhensibles, afin de les contester.
