18 septembre 1927
Naissance à Vienne de Kurt Sauerquell, connu plus tard sous le nom d’Elliot Welles, infatigable chasseur de nazis.
Kurt Sauerquell naquit à Vienne le 18 septembre 1927. Après le début de la guerre en Europe, lui et sa mère, Anna, furent déportés par les nazis à Riga, en Lettonie. Là, Anna fut écartée et placée dans un bus. Le bus fut conduit dans les bois, où les occupants furent abattus.
Deux jours plus tard, ils revinrent avec des vêtements des victimes. Le jeune Kurt reconnut la robe de sa mère.
Il passa les années suivantes seul dans le ghetto de Riga avant d’être transféré au camp de concentration de Stutthof en Pologne. À la fin de la guerre, les détenus de Stutthof furent envoyés à marche forcée vers un camp de la mort à Magdebourg, en Allemagne. Au cours de la marche, il s’échappa et regagna Vienne.
À Vienne, il fit la connaissance de Ceil Chaiken, une survivante du ghetto de Kovno, en Lituanie. Ils se marièrent en 1946. Trois ans plus tard, la famille émigra aux États-Unis où Kurt adopta son nouveau nom: Elliot Welles. Elliot était basé sur son nom hébreu, Eliyahu. Son nom de famille original, Sauerquell, signifie « source minérale » en allemand – d’où Welles. Il choisit d’orthographier Welles en hommage au cinéaste et acteur, Orson Welles.
Installé à New York en 1949, Welles pratiqua une série de petits métiers: transporter des carcasses de boeuf dans une usine de salami du Lower East Side, transbahuter des sacs dans la sucrerie Jack Frost. Il trouva finalement un emploi comme serveur au Lorelei, un restaurant de Yorkville, une enclave fortement allemande du Upper East Side de Manhattan. Avec deux associés, il mit suffisamment d’argent de côté pour acheter l’établissement.
Cela l’aida pour ses recherches. Grâce au restaurant, il put maintenir des contacts dans la communauté germano-américaine et au consulat allemand.
Elliot n’avait jamais oublié le visage ni le nom de l’homme qui avait sélectionné sa mère pour la déportation. Il commença à correspondre avec le Bureau des enquêtes spéciales et avec les consulats allemand et autrichien pour tenter de le retrouver.
Finalement, il se rendit en Allemagne, où il persuada les fonctionnaires d’ouvrir les archives gouvernementales. Et il trouva l’homme, un ancien officier SS, qui vivait tranquillement dans une ville d’Allemagne.
En 1976, l’ancien SS fut jugé. Il fut reconnu coupable sur certains chefs d’accusation, et non sur d’autres. Il n’y avait pas beaucoup de témoins.
Il fut condamné à une peine de deux à trois ans d’emprisonnement.
Malgré l’amertume du verdict, Elliot Welles avait trouvé sa vocation. À la fin des années 1970, il rejoignit l’Anti-Defamation League, dont il devint directeur des affaires européennes. Depuis le siège de la ligue à New York, il parcourut le monde à la recherche des nazis.
Il parcourut également le monde à la recherche de témoins, plaçant des annonces dans les journaux juifs du monde entier, demandant aux survivants de se faire connaître et de témoigner. Beaucoup le firent.
Les survivants pouvaient ne pas être facilement accessibles par les gouvernements; ils ne faisaient pas forcément confiance aux gouvernements, mais ils faisaient confiance à Elliot Welles.
Pendant plus de deux décennies, jusqu’à son départ à la retraite en 2003, Welles dirigea le groupe de travail conjoint du B’nai B’rith et de l’ADL sur les criminels de guerre nazis.
Bien qu’il préférât travailler dans l’ombre, il était considéré comme l’un des personnages les plus influents dans l’identification des nazis installés aux États-Unis et leur extradition pour être jugés à l’étranger.
Il passa des années à parcourir les archives poussiéreuses et les couloirs de marbre aux États-Unis, en Allemagne, en Autriche et ailleurs, pour localiser minutieusement les lieux de résidence d’hommes et de femmes qui espéraient disparaître dans l’obscurité. Il fit pression avec ténacité sur les gouvernements du monde entier réticents à divulguer des informations, trouver des suspects, les appréhender et les traduire en justice.
Welles se fit notamment remarquer pour son travail sur le cas de Boleslav Maikovskis, qui avait été chargé d’organiser les arrestations qui avaient conduit à l’exécution massive de 200 habitants d’un shtetl de Lettonie pendant la guerre. Originaire de Lettonie, Maikovskis avait été condamné à mort par contumace par un tribunal soviétique en 1965. Il vivait tranquillement à Mineola, dans l’état de New York, où il s’était installé après la guerre, avant de s’enfuir en Allemagne en 1987.
Grâce, en grande partie, à la persévérance de Welles, Maikovskis, alors âgé de 86 ans, fut jugé en Allemagne en 1990. Le procès fut suspendu en 1994 parce que Maikovskis était en mauvaise santé. Il mourut deux ans plus tard.
Parmi les autres cas sur lesquels Welles travailla, il y eut celui de Josef Schwammberger, un ancien commandant de camp de travail nazi qui s’était caché pendant 40 ans en Argentine. Welles parvint à le faire extrader en Allemagne, où il fut condamné en 1992 à la prison à vie. Il mourut en prison en 2004.
Elliot Welles s’éteignit dans son appartement du Bronx le 28 novembre 2006, à l’âge de 79 ans.
(Source: New York Times)
