25 septembre 1894
Naissance à Dublin de Robert Briscoe, militant pour l’indépendance irlandaise et sympathisant sioniste.
Robert Briscoe était un fils d’Abraham William Briscoe et d’Ida Yoedicke, tous deux immigrants juifs lituaniens. On pense que le nom de famille original en Lituanie était Cherrick. Son frère Wolfe Tone Briscoe avait été nommé ainsi par ses parents en l’honneur de Theobald Wolfe Tone, l’un des dirigeants de la rébellion irlandaise de 1798.
Le père de Briscoe était propriétaire d’une usine de meubles, qui fabriquait, rénovait, importait, exportait et vendait des meubles, partout en Irlande et à l’étranger.
Abraham Briscoe – universellement connu sous le nom de Pappa – était arrivé en Irlande sans le sou et avait fait fortune grâce à son acharnement au travail et à son charme de vendeur, d’abord comme vendeur de brosses, puis de thé importé.
Il épousa Ida Yoedicke, fille d’une famille prospère de Francfort, qui avait quitté la Lituanie pour échapper aux lois antisémites russes qui limitaient les chances de réussite des Juifs et les possibilités de mener une vie décente, pour l’Allemagne plus libérale à l’époque.
Briscoe milita dans l’Armée républicaine irlandaise (IRA) et le Sinn Féin pendant la guerre d’Indépendance irlandaise et accompagna Éamon de Valera, le père de l’indépendance irlandaise, en Amérique.
Il y pris la parole pour la cause du Sinn Féin lors de réunions publiques en affirmant haut et fort qu’être « hébreu » ne diminuait en rien son identité irlandaise.
En 1919, il fut envoyé en Allemagne par la direction indépendantiste pour y être le responsable principal de l’achat d’armes pour l’IRA.
En 1922, éclata la guerre civile irlandaise entre partisans et adversaires du traité avec l’Angleterre. Briscoe se rangea du côté des partisans du traité qui prévoyait que l’Irlande devienne un dominion avec un statut d’indépendance au sein de l’empire britannique.
Élu au Dáil, la chambre basse du parlement de l’Irlande nouvellement indépendante, Briscoe contribua à faire adopter une loi limitant les intérêts d’emprunt – et, comme il l’a écrit, rendre « illégal pour une femme mariée d’emprunter de l’argent sans la connaissance et le consentement de son mari, car ces écervelées sont toujours la proie la plus facile des prêteurs ».
Au cours de la seconde guerre mondiale, Briscoe, alors membre de Dáil Éireann, fut surveillé de près par les services de sécurité irlandais. Son soutien au sionisme et son lobbying en faveur des réfugiés juifs était considérés comme potentiellement préjudiciables aux intérêts de l’État par les fonctionnaires du ministère de la Justice.
Briscoe était un admirateur et un ami de Ze’ev Jabotinsky et de son action pour libérer les Juifs.
Entre 1939 et 1940, Robert Briscoe et John Henry Patterson, ancien commandant du « Zion Mule Corps » et du 38e Bataillon des « Royal Fusiliers » (également connu sous le nom de Légion juive), participèrent à la collecte de fonds pour l’Irgun aux États-Unis.
Jabotinsky, à la tête d’Irgun, se rendit à Dublin pour suivre une formation aux tactiques de guérilla contre les Britanniques sous la direction de Briscoe.
Au cours de cette période, Briscoe se présentait comme le « président de l’activité subversive contre l’Angleterre ».
Il souhaitait que l’Irlande accorde l’asile aux Juifs fuyant l’Allemagne nazie, mais le faisait discrètement pour ne pas être accusé de compromettre la politique de neutralité du gouvernement Fianna Fáil.
Briscoe entra notoirement en conflit avec l’envoyé commercial irlandais en Allemagne, qui tentait de contrecarrer ses efforts pour aider les réfugiés juifs à obtenir des visas pour l’Irlande pendant la guerre.
Après la seconde guerre mondiale, Briscoe fut conseiller spécial de Menachem Begin pour la transformation de l’Irgun d’un groupe paramilitaire en un mouvement politique parlementaire, le « Herut », dans le nouvel État d’Israël.
Ce parti devint plus tard le Likoud.
Briscoe avait déjà été une figure clé dans la transformation de l’IRA anti-traité en son propre parti « Fianna Fáil » après l’Indépendance de l’Irlande, non sans être passé par une amère guerre civile.
Il incita Menachem Begin à faire la transition immédiatement après l’affaire de l’Altalena pour éviter un conflit civil similaire.
Briscoe servit au parlement irlandais pendant 38 ans et fut élu à 12 reprises dans les circonscriptions du sud de Dublin et à partir de 1948, dans le sud-ouest de Dublin.
Il prit sa retraite lors des élections de 1965, date à partir de laquelle son fils, Ben, lui succéda pendant 37 ans.
En 1956, Briscoe devint le premier maire juif de Dublin, même s’il ne fut pas le premier maire juif en Irlande. Ce titre appartient à William Annyas, élu maire de Youghal, comté de Cork en 1555.
Avant Briscoe, le premier élu juif à la mairie de Dublin avait été Lewis Wormser Harris en 1876, mais il était décédé avant de prendre ses fonctions. Briscoe fut réélu en 1961.
Son fils Ben Briscoe fut également Lord Maire de Dublin de 1988 à 1989.
Ses mémoires, « For the Life of Me », furent publiées en 1958.
Le « Emerald Isle Immigration Centre » de New York a créé un prix spécial, appelé le prix Robert Briscoe, pour célébrer la relation étroite entre les communautés juives et irlandaises à New York et rendre hommage aux New-Yorkais juifs qui soutinrent l’immigration aux États-Unis. Parmi les lauréats du prix font figuré l’ancien maire de New York Ed Koch, l’ancien gouverneur Eliot Spitzer et le sénateur américain Charles Schumer.
Robert Briscoe s’éteignit à Dublin le 11 mars 1969.
