Ephéméride | Vladimir Medem [ 30 juillet ]

30 juillet 1879

Naissance à Libave (Lettonie, alors Empire Russe) de Vladimir Medem, le maître à penser du grand mouvement ouvrier juif, « Bund ».

Vladimir Medem a passé la plus grande partie de son enfance et de sa jeunesse à Minsk. Les parents de Medem s’étaient convertis à l’Église luthérienne et son père, David Medem (1836-1893), fut l’un des premiers diplômés d’origine juive de l’Académie militaire de médecine de Russie. Le jeune Medem grandit comme chrétien entouré de chrétiens. En dépit de son importance plus tard dans la politique juive, à l’âge adulte, Medem ne trouva nécessaire de se convertir au judaïsme, puisque la culture juive, et non la religion, était à la base de son choix de rejoindre la nation juive.

Au cours de sa première année d’études universitaires à Kiev (1897-1898), Medem s’intéresse à la politique révolutionnaire, lit Karl Marx et rejoint le Parti des travailleurs sociaux-démocrates russes, récemment fondé. De retour à Minsk, il est exposé à la culture et à la vie juives et développe, comme il l’a déclaré dans ses mémoires, «un chaleureux sentiment de judéïté» et une profonde sympathie pour les souffrances des travailleurs juifs. Il devient un membre actif du Bund, à l’époque section juive du parti social-démocrate. À la suite de ses activités révolutionnaires, Medem est emprisonné lors de l’hiver 1900-1901. Informé, peu de temps après sa libération, qu’il risquait d’être à nouveau arrêté et déporté en Sibérie, Medem fuit la Russie et vit en exil à Berne jusqu’à la Révolution de 1905. Là il continue ses études et ses activités politiques dans le cadre du Bund et du parti social-démocrate.

Medem vit aussi en exil en 1908-1913, pendant la répression qui suit la révolution. Cinq jours seulement après son retour en Russie en juin 1913, il est arrêté et envoyé en prison, cette fois à Varsovie. Il reste prisonnier politique jusqu’en août 1915, lorsque la Pologne est conquise par les puissances centrales. Au cours des années suivantes, Medem est le chef officieux du Bund polonais, qui devient un parti séparé après l’indépendance de la Pologne en novembre 1918.

La première apparition de Medem dans un grand rassemblement politique a lieu lors du cinquième congrès du Bund en juin 1903. Ses propositions et interventions influencent le débat sur la question nationale lors de ce congrès et au cours des années suivantes. Le jeune Medem, alors âgé de 23 ans fait si forte impression qu’il est désigné comme un des cinq représentants du Bund au deuxième congrès du parti social-démocrate (Bruxelles et Londres, 30 juillet-10 août 1903). Après ce congrès houleux, qui aboutit à la rupture entre les bolcheviks et les menchéviks, le Bund quitte le parti social-démocrate.

Tout au long de sa vie politique, Medem maintiendra une attitude critique envers le bolchevisme, à laquelle Lénine répond par de fréquentes attaques au vitriol contre le Bund et contre Medem lui-même. La désapprobation de Medem envers le communisme augmente après la Révolution d’octobre 1917, qu’il juge aventurière et autoritaire. Il critique à plusieurs reprises la «dictature du prolétariat» et la Terreur rouge, qui, à son avis, contredisent directement les fondements du socialisme comme régime politique qui donnerait véritablement le pouvoir aux masses. Medem devient de plus en plus désenchanté par son propre parti lorsque, au début des années 1920, le Bund fait de grands efforts pour rejoindre l’Internationale communiste (Komintern). Il quitte Varsovie en décembre 1920, vit et travaille à New York pendant plusieurs années jusqu’à sa mort.

L’expérience et les perspectives cosmopolites de Medem, ainsi que sa décision personnelle de rejoindre un parti national (juif), ont contribué à son intérêt pour la «question nationale» et l’ensemble des problèmes découlant de la coexistence de différents groupes nationaux au sein d’un même État. Le plus influent des travaux de Medem est sa brochure de 1904, « Di sotsyal-démokratye un di natsyonale frage » (La social-démocratie et la question nationale), qui lui vaut d’être reconnu comme l’autorité du Bund sur le sujet.

Pour Medem, la nation n’est pas un corps défini, «une chose indépendante» ou «un cercle fermé avec un contenu fixe», comme le prétendent les nationalistes ou le lieu ou vit «l’esprit national». la nation est plutôt l’aspect culturel qui « colore » les autres corps plus concrets: états, classes, institutions, etc. La nation n’était donc rien d’autre qu’une forme culturelle particulière dont le contenu n’est pas particulier mais qest partagé par tous les peuples – d’où l’image de la culture nationale comme une « couleur » avec laquelle des contenus similaires sont peints: « le corps est le même, la peau extérieure est différente. » La culture nationale était la « forme typique dans laquelle le contenu humain général prend forme ».

Medem envisage trois solutions possibles à la question nationale, et rejete deux d’entre elles: le nationalisme et l’assimilationnisme. Son rejet du nationalisme est absolu, et il voit peu de différences entre les deux formes que prend habituellement le nationalisme: la forme d’une oppression et la forme d’une lutte pour la libération. Tous les nationalistes aspirent à la victoire de leur langue et de leur culture pour accroître le contrôle économique de la bourgeoisie nationale; selon les termes de Medem, «c’est le trait commun du nationalisme, à la base de toutes ses formes; il est commun à Bismarck et à Dubnow, à Rochefort et à Ahad Ha-Am. » Le choix des exemples de Medem est significatif: même les nationalistes juifs les plus modérés sont, dans leur essence, indiscernables des nationalistes non-juifs les plus fanatiques, agressifs et militaristes.

Selon Medem, les sociaux-démocrates ne doivent ni «s’efforcer de préserver et de renforcer les différences» (nationalisme) ni «considérer la diversité avec désapprobation» (assimilationnisme). Medem adopte une position neutre concernant l’assimilation des Juifs (ou de toute autre minorité nationale), une doctrine qui devient connue sous le nom de «neutralisme». Pourtant, malgré le statut de Medem comme principale autorité bundiste sur la question nationale, le neutralisme n’a jamais été officiellement approuvé comme ligne politique de parti, et il a même été rejeté plus tard par de nombreux bundistes.

La position de Medem est que pour empêcher l’oppression ou l’assimilation forcée des minorités nationales, il ne suffit pas d’accorder des droits civils égaux aux membres de toutes les nations. L’Etat doit en outre jouer un rôle actif dans la protection des minorités en leur accordant une autonomie nationale et culturelle. Les organes directeurs non territoriaux doivent administrer les questions culturelles (et seulement celles qui concernent les membres de chaque nation).
Ainsi, le programme d’autonomie nationale-culturele est une tentative de créer les conditions d’une coexistence pacifique et égale des différentes nations au sein d’un même Etat.
En opposition à l’État-nation, Medem propose un modèle d’«état des nationalités» pour «garantir que les différentes nations puissent vivre en paix les unes avec les autres» et dans lequel «la nation la plus forte n’étouffera pas la plus faible».

Selon Medem, les sociaux-démocrates ne doivent ni «s’efforcer de préserver et de renforcer les différences» (nationalisme) ni «considérer la diversité avec désapprobation» (assimilationnisme). Medem adopte une position neutre concernant l’assimilation des Juifs (ou de toute autre minorité nationale), une doctrine qui devient connue sous le nom de «neutralisme». Pourtant, malgré le statut de Medem comme principale autorité bundiste sur la question nationale, le neutralisme n’a jamais été officiellement approuvé comme ligne politique de parti, et il a même été rejeté plus tard par de nombreux bundistes.

La position de Medem est que pour empêcher l’oppression ou l’assimilation forcée des minorités nationales, il ne suffit pas d’accorder des droits civils égaux aux membres de toutes les nations. L’Etat doit en outre jouer un rôle actif dans la protection des minorités en leur accordant une autonomie nationale et culturelle. Les organes directeurs non territoriaux doivent administrer les questions culturelles (et seulement celles qui concernent les membres de chaque nation).
Ainsi, le programme d’autonomie nationale-culturele est une tentative de créer les conditions d’une coexistence pacifique et égale des différentes nations au sein d’un même Etat.
En opposition à l’État-nation, Medem propose un modèle d’«état des nationalités» pour «garantir que les différentes nations puissent vivre en paix les unes avec les autres» et dans lequel «la nation la plus forte n’étouffera pas la plus faible».

Selon Medem, l’oppression nationale et les restrictions à l’utilisation de la langue nationale sont particulièrement préjudiciables aux travailleurs parce qu’ils ont moins d’occasions d’apprendre une nouvelle langue.
La langue nationale, la langue maternelle du travailleur, est le seul moyen par lequel les travailleurs peuvent avoir accès à l’éducation et à l’information.
Si l’état d’oppression les limite à cet égard, les travailleurs sont effectivement exclus de la vie culturelle. Pour cette raison, seule l’autonomie nationale et culturelle peut fournir les conditions dans lesquelles les membres des minorités seront en mesure de décider librement s’ils souhaitent s’acculturer ou conserver leur propre culture.
Même si, au début, les opinions intransigeantes de l’opposition au sein du Bund, qui voient l’avenir des Juifs dans l’assimilation, s’opposent farouchement à l’opinion de Medem, l’autonomie nationale-culturelle est finalement adoptée par le Bund dans son programme officiel.

Vladimir Medem décède à New-York le 9 janvier 1923.
De son vivant, il n’a jamais été le chef officiel du Bund, après sa mort il devient, selon les termes de son épitaphe à New York, la «figure légendaire du mouvement ouvrier juif».

La grande figure de Medem est honorée dans de multiples institutions à travers le monde, en premier lieu naturellement, par les héritiers de son combat politique.
C’est le cas à Paris du Centre Medem.
La bibliothèque de la Maison de la culture yiddish – plus importante bibliothèque yiddish en Europe – porte également son nom.

(Source: The YIVO Encyclopedia of Jews in Eastern Europe)