Je me souviens de Belleville.
Nous demeurions à Ménilmontant, sur une petite place qui s’appelle « Avenue » Jean Aicard.
C’était dans les années fin 40 juste après la guerre. Sur le coup de midi et demi ma Mère me disait, va chercher Papa il est encore en train de jouer aux cartes. SHPILN KOUTN. Je filais jusqu’à Belleville, aux Lumières de Belleville le bistro de Biderman le Père de Régine qui avait l’âge de mon frère ainé. Mon Père était au premier étage le 14 cartes dans la main gauche. Il jouait au Rami : 50 francs (ancien) si on perdait avec des cartes dans la main et 100 francs (anciens) si on abaissait avant tout le monde. J’arrive tout de suite : je suis en train de gagner.

Un jour début 50 dans la revue « Géographia » je tombe sur un numéro sur l’Afrique du Nord. Nous étions fiers nous les petits Français de nos colonies. Et je vois une photo incroyable : je vois un groupe de barbus et en dessous écrit : Juifs d’Algérie. Ça alors je ne l’aurais jamais cru. Nous étions Polonais, mon Père jouait aux cartes avec un Juif Russe qui parlait Yiddish avec un drôle d’accent, sur la place il y avait un Juif Roumain Cincinnatus et au même étage une famille de Juifs Turcs les Béart mais des Juifs en Afrique du Nord je n’en croyais pas mes yeux ! ! !
En 1954 nous avons quitté Ménilmontant pour aller vivre à côté du plateau Beaubourg. Un grand parking en plein Paris où il y aura plus tard le Musée Pompidou. Je suis retourné bien plus tard à Belleville. Je retournai aux Lumières mais pour manger un couscous sur le trottoir, les soirs d’été on y voyait le Professeur Olivenstein. Et juste à côté au coin de la rue Ramponneau et du Boulevard, Benisti. La révélation ! Il y avait les hommes en bleu de travail qui venaient manger debout un fricassé ou une assiette Tunisienne et à côté des femmes en manteau de fourrure. Et surtout quand l’hiver était bien froid et que j’avais besoin d’un remontant pour travailler dehors : la soupe de pois chiches, avec un œuf dedans s’il vous plait ! !
On me servait un bol énorme de soupe avec des pois chiches surcuits, un œuf mollet dedans, une cuiller d’Harissa et à côté une assiette avec un pain Italien, un quartier de citron et des olives et des piments auxquels je ne touchais pas. Mais Benisti n’est plus là depuis longtemps ni le patron et la patronne dont je ne me rappelle plus le nom mais ils étaient énormes ! Et le serveur qui nous donnait ses bols de soupe généreux : Didi.

C’est plein de nostalgie(BENKSHAFT) que j’ai mangé ma soupe de pois chiche dont je vous donne la recette.
Ingrédients pour deux personnes :
– Pois chiches 1 tasse (100 à 120 g)
– Ail : 4 ou 5 gousses
– Cumin moulu : 1 cuiller à café
– Coriandre ou carvi moulu : 1 cuiller à café
– Câpres : 2 cuillers à soupe
– Coriandre fraîche : 1 bouquet
– Citron bio : 1
– 2 œufs
– une boite de thon à l’huile
– Huile d’olive
– Harissa
– Olives cassées
– Sel
– Pain : baguette ou pain « italien »
Préparation :
– Ciseler une parte de la botte de coriandre. Réserver. Ficeler le restant de la botte.
– éplucher et émincer l’ail. Réserver.
– préparer des œufs mollets ou des œufs pochés. Réserver
– Laver les pois chiches et les mettre à tremper, la veille au soir, les rincer et les faire cuire à couvert dans deux litres d’eau avec la coriandre en poudre, le cumin et le bouquet de coriandre frais deux heures ou 1 heure en cocotte minute ou plus .
– Quand les pois chiches sont vraiment bien cuits en prélever une partie et les écraser à la fourchette et les remettre dans le bouillon
– Avant de servir jeter dans le bouillon chaud l’ail émincé et les câpres, bien touiller.
– servir dans une assiette creuse ou un bol et ajouter l’œuf, le thon émietté, la Harissa (facultatif) et un filet d’huile d’olive (facultatif).
Servir avec sur une assiette la coriandre ciselée, des olives et un quartier de citron. Les convives rajoutent dans le bouillon un filet de citron, de la coriandre et du pain émietté.
On mange les olives en même temps.
Note : Les olives dénoyautées n’ont pas de goût. Prendre des olives avec noyaux et « cassées » c’est-à-dire qu’on les a écrasées pour les fendre et faire pénétrer la saumure.
Le pain « Italien » se trouve dans les boulangeries Tunisiennes.
