21 août 1988. Décès à Londres de Hans Günther Adler, écrivain et érudit pragois d’expression allemande, survivant de la Shoah, surtout connu pour son oeuvre monumentale sur Theresienstadt.

Hans Günther Adler est né à Prague en 1910 dans une famille juive assimilée de culture allemande. Il étudie la musique et la littérature avant de devenir professeur.
Après l’instauration du protectorat de Bohême-Moravie et les lois de Nuremberg, il est envoyé en 1941 avec sa famille dans le camp de travail juif de Leitmeritz, puis à Theresienstadt en 1942. Sa femme Gertrud, médecin, travaille au camp. En octobre, ils sont déportés à Auschwitz. Sa femme et sa belle-mère sont gazées à leur arrivée (Gertrud changera de file au dernier moment pour ne pas laisser sa mère seule). Adler perd seize membres de sa famille dans les camps. Il est libéré à Langenstein-Zwieberge en avril 1945.
À son retour à Prague, il travaille sur les archives de Theresienstadt. En 1947, il quitte sa ville natale pour Londres, qui lui offre l’asile, afin d’échapper à l’avènement du régime communiste.
Il se remarie.
Il écrit Un voyage en 1950, mais le livre n’est publié en Allemagne qu’en 1962.
Il consacre son temps à l’enseignement et à l’écriture sur la Shoah. Il est l’auteur de 26 ouvrages de poésie, de philosophie, d’histoire (notamment des études sur Theresienstadt) et six œuvres de fiction.
Son œuvre monumentale Theresienstadt 1941-1945, Antlitz einer Zwangsgemeinschaft (Theresienstadt 1941-1945, Visage d’une communauté de contrainte) a contribué à jeter les bases d’une représentation documentée et analytique des camps de concentration.
Adler a commencé à rassembler les documents sur l’histoire et la sociologie du camp, ainsi que sur la psychologie des détenus, pendant son propre internement à Theresienstadt entre 1942 et 1944. Lors de sa déportation à Auschwitz, il a laissé les documents auprès de Leo Baeck, qui a pu les sauver.
Après 1945, Adler a continué à réunir des documents sur Theresienstadt, d’abord à Prague, ensuite à Londres, ville de son exil à partir de 1947. Le livre a été achevé dès 1947, mais n’a pu être publié qu’en 1955, grâce notamment à une subvention importante obtenue par Th. W. Adorno.
La parution du volume a eu un écho retentissant en Allemagne et a marqué une étape importante dans la perception des camps de concentration. Adler a utilisé la méthode de l’ « observation participante » de l’ethnologue Bronislaw Malinowski (1884-1942), qui implique le récit d’une expérience personnelle au sein d’un groupe humain, analysé à la fois avec des outils de l’historien, du sociologue et du psychologue.
Adler a saisi très tôt l’importance et la fonction sociale du langage nazi, indispensable pour la compréhension de l’organisation du camp et de l’idéologie nazie.Il a par ailleurs déconstruit les mensonges des autorités nazies sur Theresienstadt, prétendu « camp modèle », où la mortalité était très élevée du fait des mauvais traitements et qui fonctionnait principalement comme camp de transit vers Auschwitz.